1885 |
20 janvier 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 20 janvier 1885
Cher ami, n'ayant les confidences ni de l'hiver, ni du printemps, il me suffit, pour être satisfait que vous soyez décidé à tenir plus de compte du thermomètre que du calendrier et à ne vous mettre en route que lorsque les violettes auront remplacé à Nice la neige qui y tombe, paraît-il, encore plus abondamment qu'à Paris. Le marquis Costa1 a, probablement, fait école, ; car Madame Piccoli (que vous vous rappelez certainement, sous le nom de Mademoiselle Noël), veuve d'un ancien employé supérieur de la Daterie du temps du Cardinal Antonelli2, écrit de Rome à Berthe3 : « On nous annonce la prochaine arrivée de M. de Falloux. Je serais bien heureux de le revoir, d'avoir, par lui de vos nouvelles, je ne le serai pas moins de pouvoir lui être de quelque utilité pendant son séjour ici. Il vient d'avoir affaire à de bien mauvais procédés de la part de ceux qui entouraient son frère, et, par égard pour la mémoire de ce pauvre cardinal il y a répondu avec une générosité à laquelle tout le monde rend justice. » J'ai rencontré, ce matin Armand de Maillé4 et le général de Rochebouët5 à l'enterrement du pauvre La Béraudière. Le premier m'a paru plus satisfait que le second du choix que vont faire vos délégués sénatoriaux. Quant à mes craintes de déménagement, elles n'ont rien d'immédiat, notre bail nous assurant encore une année de tranquillité ; mais il est très probable que la maison sera vendue, aucun des cinq enfants ou gendres ne me paraissant disposé à la garder. Remercier bien Mad. de Castellane de s'intéresser à cette désagréable éventualité. Les nouvelles de l'élection du duc de Broglie sont assez bonnes quoique la préfecture assure qu'elle compte sur 10 voix de majorité. Les Normands qui connaissent bien leurs compatriotes ne doutent pas qu'il n'y en ait plus de dix prêts à manquer à leurs parole.
Mille millions de tendresses.
Al.
Votre confrère Caro me paraît d'être bien tiré de son discours sur About.