1885 |
8 janvier 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 8 janvier 1885
Cher ami, depuis 48 heures que nous avons Paul1 et moi réintégré notre petite communauté de la rue de Poitiers, je n'ai pas trouvé un moment pour vous écrire. Les affaires de mes neveux d'Anglade, dont je suis, à mon grand ennui, subrogé tuteur, la rentrée du petit Paul à Stanislas, à laquelle j'ai dû présider, en l'absence de ses père et mère qui n'arrivent que demain, et brochant sur le tout, de la grippe, de la migraine et le reste ; voilà mes excuses. Je prenais la plume, et il y a une heure, quand Lavedan est arrivé, tout occupé d'une querelle que son dernier article sur Saint-Martin lui a fait avec M. Ratel, l'ingénieur veuillotin de la Cie d'Orléans et par suite avec Andral, querelle dans laquelle il tient à avoir Augustin pour lui. Il est cinq heures 1/2 et ma lettre serait encore remise à demain, si j'y ajoutais autre chose que mes tendresses.
Le P. Pierling, jésuite que j'ai vu hier, assure que le pape est bien revenu de sa première manière,, que ces mécomptes dans ses relations avec les gouvernements l'ont rejeté dans un sens tout opposé et qu'il faut nous attendre à un revirement complet dans le genre de celui de Pie IX, dernière manière. Voilà qui est bien peu encourageant pour votre voyage ; il est vrai qu'on peut dire aussi que cela le rend plus nécessaire que jamais. Ce qui est surtout nécessaire à mon avis, c'est que vous ne l'entreprendrez que lorsque le beau temps sera tout à fait revenu, et je n'y compte certainement pas avant le 15 mars au plus tôt. Ce voyage, du reste, est si peu un mystère que M. Costa de Beauregard2 l'annonce à tout le monde. Je vous embrasse bien fort et bien vite. Al.