1885 |
24 janvier 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, le 24 janvier 1885
Cher ami, quelle joie de vous attendre, si prochainement et de vous revoir et de vous entendre et de vous embrasser ! Quel regret de ne pouvoir pas vous suivre jusqu'à Saint-Pierre ! Quand aux deux frères infirmes de la rue de Poitiers1 sachez qu'ils le sont tellement qu'ils ne dînent plus jamais ni chez aucune princesse ni chez aucune Thellusson2, ni même chez Berthe3. Votre couvert sera donc mis leur petite table, non seulement mardi, pour fêter votre arrivée ; mais tous les autres jours de la semaine et des semaines suivantes. Si, pour les consoler et les honorer et les charmer, vous avez la très grande bonté de préférer la modeste cuisine bourgeoise de Gabrielle aux ragoûts délicats du Quai d'Orsay. Je vais aller dès aujourd'hui, m'enquérir auprès de Lavedan et par lui auprès de son gendre4, des projets parisiens du futur exilé et vous trouverez, au coin de mon feu, tous les renseignements que j'aurais pu me procurer, à ce sujet. Vous y trouverez aussi toutes les lettres qui, d'Europe ou d'ailleurs, vous auront été adressés au numéro 12. La très aimable fâcherie des châtelaines de Rochecotte me pénètre de reconnaissance sans éveiller en moi, le moindre remords ; car ce n'est, assurément pas faute de vouloir ; mais faute de pouvoir que je n'ai pas repris le chemin de cette demeure si incomparablement accueillant et amie ! Je compte bien sur vous pour le leur dire que leur répéter. Mille millions de tendresses.
Al.
M. de Rorthays m'a fait savoir qu'il partait pour Rochecotte. Je ne pense pas qu'il y soit encore ; mais si vous lui écrivez, veuillez lui dire que je suis chargé de lui rappeler sa promesse d'être de retour à Paris le 31 de ce mois, faute de quoi le Français ne pourrait pas paraître le Ier. tous les collègues de la rédaction devant s'absenter.
