1885 |
3 mars 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Cher ami, je vous savais un bon et grand serviteur de l'Église bien avant que la bouche infaillible de Léon XIII vous eut proclamé tel, je n'en suis pas moins heureux que vous nous reveniez de Rome avec ce titre officiel qui vaut mieux que n'importe quel autre. C'est avec satisfaction que je vais diriger cette lettre vers votre première étape de retour, et j'en ai une plus vive encore à songer au prochain revoir et aux récits qu'il nous promet. En attendant, je recueille tous mes souvenirs de Florence, y compris ceux de Melle de Fauveau1, pour les savourer de mon mieux pendant que vous allez rajeunir les vôtres sur les deux rives de l'Arno. Je me suis assuré que la réponse que vous avez fait passer par la rue de Solférino2, a été, immédiatement, transmise à l'intermédiaire que vous avez vous même indiqué. Je ne doute pas, du reste, que vous ne vous soyez adressé, directement, à Voltri d'où vous aurez revu certainement le rendez-vous qui doit remplacer celui de Cannes. Il ne faut rien moins que vos meilleures conseils pour que satisfaction soit donnée aux plaintes que produit de tous côtés, l'insuffisance de direction, le refus de concours financier, la maladresse des agents supérieurs et inférieurs dont, au dire de tous les intéressés, la conséquence, probable, sera une grande déception aux prochaines élections. Le Figaro de vendredi dernier 27 février, publiait un article intitulé « Les échecs du duc de Broglie3 », signé un ancien abonné. C'est le résumé de tout ce qu'on pouvait dire de plus désagréable sur la personne, la politique et les défauts traditionnels de la famille, y compris l'abbé, La République française en a naturellement triomphé et beaucoup de ceux qui auraient dû s'en indigner s'en sont, indécemment réjouis. Cette mauvaise action est attribuée à la plume du Cte Bernard d'Harcourt4, beau père de M. Duchatel5 : ambassadeur révoqué après le 24 mai. Le duc y a été très sensible. Grandlieu6, sans faire aucune attention au dit article, en a publié, ce matin, un tout différent que je vous envoie ci-joint, ainsi qu'une correspondance de Rome publiée hier au soir, par le Français et par la Défense.
Mille millions de tendresses.
Al.
P. S. Voici votre lettre du Ier mars. Merci, merci et à bientôt.
