CECI n'est pas EXECUTE 11 février 1885

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11 février 1885

Albert de Rességuier à Alfred de Falloux

Paris, mercredi 11 février 1885

Cher ami,

Vos excellentes lettres de Sens, de Marseille et de Gênes, m'ont bien tendrement associé à ces premières étapes de votre voyage1, et me font espérer qu'il se sera continué et achevé dans les mêmes bonnes conditions de température, de santé et de satisfaction à tous égards. J'attends maintenant, la nouvelle de votre arrivée et d'autres installations à Rome. Puissiez-vous, malgré tous les mécomptes qu'elle nous a donnés et malgré toutes les profanations qu'elle a suivies, y retrouver quelques-unes des impressions qui nous ont tant émus et qui nous l'ont rendue si chère ! Quant aux divers interlocuteurs que vous allez y rencontrer, je souhaite de tout mon cœur, que les uns vous  accordent un crédit illimité, et que les autres n'épuisent pas tout à fait, celui que vous avez emporté de la rue Laffitte. Rien de nouveau ici, depuis votre départ si ce n'est que les candidats aux prochaines élections s'inquiète de plus en plus, du manque d'initiative de la rue de Varenne. On laisse, disent-ils, d'un côté, les anciens comités de Monsieur le comte de Chambord, de l'autre, les comités bonapartistes, exclure de leurs listes (qu'il faudra bien adopter faute d'autres) à Nantes, M. Guibourg2 ; à Vannes, M. de Rorthays, à Tours, M. Lavedan ; à Cahors M. Depeyre3, et ainsi, de même, partout, tandis qu'il suffirait de prendre la direction du mouvement pour assurer le succès de ses meilleurs amis. Tout en faisant dans ses plaintes, la part des prétentions et des exigences personnelles, on ne peut pas se dissimuler qu'elle son bien-fondé et qu'elle ne nous présage rien de bon.

Monsieur de Blois4 m'a accusé réception de la lettre recommandée. Nous attendons vos lettres avec le plus vif intérêt et nous vous embrassons avec la plus vive tendresse.

Al.

L'académie des jeux floraux a reçu 500 vers sur les angevins à la guerre de 1870. L'auteur qui ne se nomme pas se recommande de vous et de M. Léon Cosnier5. Fernand6 me demande si réellement vous les recommandez.

Faut-il écrire toujours à Ernest Bouin ?

Notes

1Falloux effectue alors un voyage à Rome.
2Ernest Guibourg était alors conseiller général du canton de Pouancé (Maine-et-Loire), limitrophe du canton de Segré. Guibourg de Luzinais Ernest (1834-1899), homme  politique. Sénateur  de la Loire-Inférieure de 1886 à 1899, il siégea parmi les conservateurs de tendance monarchiste. Il sera brillamment réélu dés le Ier tour en 1897. Il occupa la mairie de Nantes de 1888 à 1892.  Juriste de formation, il siégea à la Haute cour de justice à Paris.
3Depeyre Octave Victor (1825-1891), avocat et homme politique français. Élu député de la Haute-Garonne en 1871, il s'était fait inscrire à la réunion Colbert et aux Réservoirs et avait pris place à droite. Ardent monarchiste, il attaqua à diverses reprises le gouvernement de Thiers et contribua activement à son renversement. Il fut l'un des auteurs du projet de prorogation des pouvoirs du maréchal qui aboutit au septennat voté le 20 novembre 1873. Ministre de la Justice dans le cabinet de Broglie remanié, il prit plusieurs mesures conformes à ses opinions  et défendit, contre ses propres amis les légitimistes « le caractère incommutable du vote du 20 novembre, par lequel l'assemblée a entendu placer les pouvoirs du maréchal et leur durée au-dessus de toute contestation. ». Ayant suivi le cabinet de Broglie dans sa chute (21 mai 1875), il reprit sa place à droite et vota pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d'exil, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, pour l'arrêté contre les enterrements civils contre l'amendement Wallon et contre les lis constitutionnelles. Il sera élu au Sénat le 30 janvier 1876. Battu lors du renouvellement triennal du sénat en 1879, il quitta la vie politique.
4Blois, Georges Aymar, comte de (1849-1906), homme politique. Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.
5Cosnier, Léon (1811-1902), imprimeur et journaliste. Directeur de l'imprimerie Cosnier-Lachèse à Angers, il est aussi le fondateur de la Revue d'Anjou en 1852 et rédacteur en chef du Maine-et-Loire de 1848 à 1862. Il est aussi l'auteur de plusieurs études à caractère historique.
6?

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 février 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1885, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 07/04/2013