Année 1856 |
12 février 1856
Alfred de Falloux à Francisque de Corcelle
Bourg d'Iré, 12 février 1856
Cher ami,
Je reçois votre petit mot au moment d'une excursion qui me fait passer par Segré et je vais y jeter en passant ce petit mot de remerciement très précipité. Les intérêts et les perplexités du Correspondant suffiraient seuls pour m'attirer à Paris en dehors même de l'aimable conseil de M. Cousin. Vous pouvez donc compter sur moi, et vous me ferez plaisir de l'annoncer à qui de droit, pour la fin de ce mois-ci au plus tard. Ma première course sera dirigée vers vous. Dès que vous m'avez parlé l'autre jour du volume de Tocqueville1, j'avais conçu l'ambition de lui en demander un fragment pour le Correspondant. Serais-je assez en crédit pour l'obtenir ? J'en doute fort et il me semble que vous feriez une œuvre très pie si vous y employez votre toute puissance en vous rappelant surtout que l'une des meilleures manières de convertir est de donner l'exemple, et en vous plaçant vous même dans le même numéro, si ce n'est dans le précédent. Je suis très peu sensible à l'inquiétude de M. de Vogüé qui craint déjà de sortir de son public et d'avoir trop de retentissement2 ; il me semble au contraire, que c'est l'ambition de quiconque croit à sa propre cause, de se mettre encore plus en peine des conquêtes que des amis. Au revoir, au revoir prochain. Je vous assure que je mets tout mon cour dans cette espérance et dans mon embrassade anticipée.
Alfred.
P. S. J'avais déjà écrit directement à Albert de Broglie pour me mettre à sa disposition, un cas qu'il me souhaitait avant l'apparition du prochain N°. Je n'ai pas encore sa réponse.
