CECI n'est pas EXECUTE 2 juin 1856

Année 1856 |

2 juin 1856

Alfred de Falloux à Francisque de Corcelle

Paris, 2 juin 1856

Cher ami,

Me voici installé aux Néothermes1 et je pense avec regret que votre lettre dont je suis si impatient va peut-être perdre du temps en allant passer par Segré. Veuillez donc, si votre arrêt n'est pas encore formulé, me l'adresser directement, 56, rue de la Victoire. Les impressions qui me sont connues jusqu'ici sont très favorables et rendent justice à ma charité. Je n'y croirais cependant complètement que quand vous en aurez fait autant vous même. En attendant, laissez-moi joindre les très vives simplifications à celles de Montalembert pour obtenir votre article sur Rome et le St Père. Tout est urgent dans cette question et le Correspondant ne peut se laisser devancer par personne, de même que personne non plus n'y peut prendre votre place. C'est le cas ou jamais, cher ami, de faire un effort et nous ne vous le demanderions avec tant d'importunité, si ce n'était pour une telle cause. Veuillez donc nous rassurer par une promesse. Quand nous aurons votre parole, nous ne serons plus en peine de rien. Mille et mille tendresses.

A. de Falloux.  

P. S. Il va sans dire que c'est au nom de Montalembert que je vous écris, en même temps qu'au mien. Il est en ce moment aux prises avec Morny2 dans le Corps législatif3 pour une interpellation sur l'agiotage. Je me suis offert à lui servir de secrétaire, parce que mon sentiment est bien parfaitement identique au sien et que j'en profite pour vous donner ma nouvelle adresse. Le nombre des abonnés ne s'arrête pas dans son accroissement4 et le clergé y figure toujours en grand nombre.

Notes

1Établissement parisien d'hydrothérapie.
2Morny, Charles-Auguste-Louis-Joseph, duc de (1811-1865), demi-frère de Napoléon III. Après avoir fait carrière dans l’armée puis s’être occupé d’agriculture et d’industrie, il se tourna vers la politique. Élu député en 1842, il soutint la politique de Guizot. Représentant à la Législative  (1849), il vota avec le parti de l’Ordre. Principal organisateur du coup d’État du 2 décembre, il donna sa démission de ministre de l’Intérieur après le décret sur les biens des Orléans. Président du Corps législatif à partir de 1854, et jusqu’à sa mort, il fut nommé ambassadeur extraordinaire de France à Saint-Pétersbourg en 1856.
3Ayant soutenu, dans un premier temps, le coup d'état du 2 décembre, Montalembert avait été élu au Corps législatif.
4Le nombre des abonnés atteignait alors le chiffre de 1.200. Falloux ne voyait pas que des aspects positifs à ce succés : « Plus le Correspondant deviendra fort, plus il sera suspect et surveillé », Lettre de Falloux à Cochin (le 27 février 1856).

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 juin 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1856, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 12/11/2013