CECI n'est pas EXECUTE 4 septembre 1860

Année 1860 |

4 septembre 1860

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

Fleville1, 4 septembre 1860

Cher ami,

J'ai trouvé ici mes lettres d'affaires qui me font vraiment un devoir impérieux de rentrer chez moi, et je ne vais plus prendre le temps nécessaire pour décider à Paris de la 4eédition de Mme Swetchine2 et de l'opportunité de détacher ou non les traités religieux. Si après délibération la publication d'un petit volume l'emporte, je ne manquerai pas, croyez le bien, d'offrir au Correspondant la primeur du précepte et du conseil. En attendant, j'ai trouvé ici non seulement le plein consentement de Gustave de Beaumont à nous donner un fragment, mais toute une effusion ses sentiments les plus sympathiques pour le Correspondant, ses fondateurs et ses lecteurs. Il y a évidemment beaucoup de bon chemin fait dans cet esprit là et je m'en réjouis à tous les titres.

J'ai oublié dans ma dernière lettre de je ne sais plus quelle gare de chemin de fer de vous prier instamment de vous faire dans votre première lettre à M. Foisset, l'interprète de ma reconnaissance pour son accueil qui m'a vraiment touché. Tout cet intérieur m'a pénétré de respect et de sympathie ; son indulgente et confiante bonté pour moi m'a laissé un souvenir que j'ambitionne de lui rendre agréable en le faisant passer sous vos auspices. Plus je vois m'échapper l'espérance de La Roche en Breny3 pour cette année, plus je jouis des quelques de Maîche4. Je vous en remercie donc du fond du cœur et Madame de Montalembert aussi. Je supplie toujours Monsieur de Meaux de me dire que vous êtes sur vos jambes et que lui-même ne s'est pas mis au lit en revenant de Cherval5.

J'achève tout à l'heure la lecture de son Philippe II, voilà selon moi la meilleure manière de répondre à l'évêque de Montauban6 (dont personne, grâce à Dieu, n'a pu me donner ici le nouveau factum). C'est maintenir très haut notre drapeau, sans encourir le reproche ou le remords des polémiques personnelles au beau milieu d'une tempête telle que celle qui assaille l’Église en ce moment. J'ai sans cesse sous les yeux, cher ami, la charmante petite fille de Mademoiselle Thérèse7 se glissant tout le long de votre chaise longue pour demeurer si sagement et si tendrement appuyée sur votre épaule. J'ai vraiment senti que votre bonheur était une de mes plus douces consolations.

A. de F.

 

P. S.

Je serai probablement retenu à Paris jusqu'au 15 ou 16, et par conséquent entièrement à vos ordres, si vous me faites l'honneur de me confier quelque commission que ce soit. Dans ce cas écrivez-moi ou faites-moi écrire chez Fontaine8, car je ne sais trop encore où je serai logé.

Notes

1Falloux séjourne chez son ami Bertou, à Fleville, près de Nancy.
2Mme Swetchine, sa vie et ses œuvres, 2 vols., Paris, A. Vaton, 1860.
3La Roche-en-Bresnil (ou Breny), demeure de Ch. de Montalembert dans le Doubs.
4Château de Montalembert dans le Haut-Doubs, en Franche-Comté.
5Ville de Dordogne.
6Mgr Doney, Jean-Marie (1794-1871), nommé évêque de Montauban en 1844, il est un ardent ultramontain.
7Thérèse de Montalembert (1857-1924), fille cadette de Montalembert.
8Secrétaire de Falloux.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 septembre 1860», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1860, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 27/12/2021