Année 1849 |
8 décembre 1849
Charles de Montalembert à Alfred de Falloux
Paris, ce 8 décembre 1849
Cher ami, M. de Rességuier vous aura sans doute parlé de ce bref1 du pape si flatteur pour vous, et si touchant pour moi qui nous associe comme Oreste et Pylade dans sa reconnaissance et dont le nonce2 n'a pas trouvé la publication opportune. J'ai pensé que vous aimeriez en avoir le texte et je vous l'envoie.
Le conseil d'État au grand complet a rejeté hier par 21 voix contre 20 nos 86 académies départementales3 : du reste la question n'est plus là. Elle est tout entière dans le parti que prendra l'assemblée sur le renvoi de la loi revenue du conseil d'État. Si elle la renvoie à la même commission, nous pourrons encore discuter la loi et peut-être la sauver. Mais si, comme le veulent plusieurs, elle renvoie à une commission nouvelle, la chose est perdue. Comptez du reste que nous ferons pour le mieux et tout ce qui sera possible.
Le duc de Broglie continue à déblatérer contre votre loi : et Cousin est rayonnant4. Thiers est très souffrant d'un mal à la langue qui paraît ne pas être sans gravité. Il est toujours furieux contre le président et excite l'admiration de La Rochejaquelein5 et de tous les légitimistes en général par ses clameurs contre le gouvernement personnel, l'impérialisme, etc. Je reviens d'un séjour auprès de Mme de Montalembert en Franche-Comté6 où j'ai pu me convaincre des progrès effrayants du socialisme chez les paysans, et je pense plus que jamais le président tout quasi-socialiste qu'il soit est encore notre seule ressource. Mes hommage à Mme de Falloux ; mille tendres vœux pour votre rétablissement.
Montalembert