1881 |
12 novembre 1881
Charles de Mazade à Alfred de Falloux
Monsieur le comte,
Votre gracieuse et trop flatteuse lettre me comble au-delà de mes espérances. Je suis accoutumé à vos bontés, il ne me reste plus qu'a désirer que vos sentiments soient partagés par un assez grand nombre de vos collègues. Je n'en désespère pas voyant les bonnes dispositions et comptant à celle de votre secours. Franchement l'occasion est unique. Il me semble que les trois fauteuils laissés vacants par des hommes ayant touché à la politique ou a l'histoire, c'est bien le moins que l'Académie choisisse un candidat de la même famille. Si vous me permettez le mot et cette idée étant admise, j'espère que l'Académie, en me faisant l'honneur de me choisir, pour rendre hommage à la mémoire de M. Dufaure, ne serait pas considéré comme ayant égaré ses suffrages. Je n'ai jamais compté, vous le savez, permis les solliciteurs importuns. Cette fois, je l'avoue, j'ai un vif désir de succès. Vous trouverez, je le crois, des dispositions semblables aux vôtres chez quelques membres de l'Académie, chez M. Mignet, chez M. Le comte d'Haussonville. Je n'ai pu voir qu'un instant hier au Sénat M. Le duc de Broglie arrivé le matin, et je me suis borné à lui dire que je tenais à aller lui rendre mes devoirs d'une autre façon, chez lui. Je n'ai pas assez de relations avec M. le duc de Noailles, avec M. de Champagny1 pour pouvoir me présenter chez eux autrement que selon les rites officiels, pour remplir une obligation que je ne négligerai pas. D'autres membres paraissent avoir de la bonne volonté pour moi, c'est ce qui m'a été dit. Je me laisse aller M. le comte, à vous entretenir de cette affaire. Vous ne m'en voudrez pas. Mon excuse est dans les sentiments que je vous connais, dans l'appui que vous voulez bien me donner. Laissez-moi vous renouveler, Monsieur le comte, l'assurance de ma haute considération et de mon affectueux dévouement.
Ch. de Mazade.