Année 1865 |
1er octobre 1865
Louis-Jules Trochu à Alfred de Falloux
1er octobre [1865]
Mon cher Comte,
Votre excellente et si affectueuse lettre m'a profondément touché. Elle m'honore jusqu'à me rendre confus. J'ai rempli avec simplicité et avec une ferme conviction un devoir qui m'était cher, et qui était aussi impérieux car j'avais le pressentiment que je serai seul à représenter l'armée à Saint-Philbert1. Il fallait qu'elle fut là et qu'elle y fut entendue. Je l'ai fait parler brièvement, chrétiennement et militairement, sans prétendre à l'éloge et sans me soucier des colères2. Voilà tous mes mérites qui seraient bien inaperçus si l'ordre moral, dans notre temps, et les caractères, n'étaient pas si gravement atteints.
Je vous remercie d'avoir associé le souvenir du regretté mort3 de Puebla4 au sentiment qui vous a inspiré votre bonne lettre. Lui dans l'avenir, et seul peut-être aussi, eut représenté l'armée autour de mon cercueil, si la providence n'avait pas voulu intervertir nos rôles à tous deux. M. de Mirepoix5 vous a dit mes empêchements pour le Bourg d'Iré, et mes regrets. Je n'ai pas terminé, à l'heure qu'il est, tous mes travaux d'inspection générale, et mes vacances, si j'en ai, seront de quelques jours seulement. Je fais pour votre chère santé des vœux et des prières. Puissent-ils être entendu et vous rendre à votre famille, à vos amis, à tous les grands intérêts qui vous réclament.
J'offre à Madame la comtesse de Falloux et vous prie d'agréer l’expression de mes sentiments respectueusement affectionnés.
Gal Trochu