Année 1866 |
13 juillet 1866
Henry Drouault à Marie de Falloux
13 juillet 1866,
Madame la comtesse, nous voici installés ce soir vendredi chez M. de la Mairie, neveu de M. de Rochebouët, demeurant à 2 km de Baugé, et où M. de Falloux établit son quartier général pour quelques jours, afin d'éviter le bruit des auberges de Baugé et rester cependant à proximité du grand centre du champ de bataille.
Avant tout je veux vous dire que la santé de M. de Falloux a été excellente depuis le départ d'Angers. Ses nuits sont très bonnes et lui permettent de se reposer des fatigues du jour. Il faut qu'il y ait des grâces d'État pour les candidats surtout, car la journée d'aujourd'hui, qu'il a supportée à merveille, s'est passée depuis neuf heures du matin en visites dans les communes qui environnent M. de Rochebouët, et où se trouve les châteaux de MM. de Gautrey, d'Autichamp, de Rochequairie, frère du marquis etc. Tous les châteaux sont remplis du plus saint enthousiasme et les châtelaines surtout animées du plus beau feu. Le temps a toujours été très couvert. Le phare de la Loire cite aujourd'hui un article de L'Opinion nationale annonçant comme certaine la candidature Freslon1. Rien jusqu'ici ne confirme cette nouvelle et nous saurons du reste à Baugé demain ce qui en est par M. Dutier2 que M. de Falloux compte aller voir tout le premier. Il est démontré par plusieurs lettres de M. Freslon lui-même qu'il a personnellement l'intention formelle de ne point se présenter sachant parfaitement qu'il ne réunirait qu'un nombre de voix très minime.
S'il se présentait cependant à la dernière heure, c'est qu'il aurait la main forcée à Paris par le comité de la gauche qui, pris entre ce qu'ils appellent le candidat clérical et le candidat par trop officiel, se masquera à l'ombre de M. Freslon. En tout cas,si cette candidature se produit, elle retirera certainement plus de voix à M. Berger3 et elle ne peut aboutir comme pis aller qu'à décider un second tour de scrutin.
J'espère que demain nous allons trouver à Baugé une lettre de Caradeuc qui va nous apporter d'aussi bonnes nouvelles de santé que celle que je vous envoie. C'est toujours à Baugé, poste restante que vous voudrez bien adresser vos lettres jusqu'à nouvelle indication.
Veuillez recevoir, Madame la comtesse, et me permettre d'offrir à Madame la marquise de Caradeuc et à Mlle Loyde l'hommage de mes sentiments les plus respectueux.
Henry Drouault