Année 1866 |
21 juillet 1866
Henry Drouault à Marie de Falloux
21 juillet 1866
Madame la comtesse, nous allons quitter Lathan1 dans quelques heures et je vous écris avant le réveil de M. de Falloux. La journée d'hier a été, comme les précédentes, fort bien remplie et fort bien supportée. Le temps est beaucoup plus frais, et ce matin est assez couvert. Nous allons coucher ce soir à Longué où nous espérons trouver de vos nouvelles et un courrier nombreux. Nous avons rencontré dans la journée M. de Talhouet2 qui venait exprès du Lude3 pour voir M. de Falloux et cette démarche gracieuse fait espérer un concours actif pour toutes les terres qu'il possède dans l'arrondissement de Baugé. L'administration continue à travailler de plus en plus les populations et aujourd'hui même nous nous sommes rencontrés chez un propriétaire des environs de Noyant avec un agent du sous-préfet ! Le siècle et l'opinion nationale se déclarent aujourd'hui hautement pour le candidat officiel par haine du clérical et L'Union de l'Ouest cite une lettre fort amusante d'un habitant de Baugé au Siècle commençant par ces mots : « M. de Falloux a assisté aujourd'hui très religieusement à la grand-messe etc. » M. de la Bouillerie montre vraiment un dévouement rare et va lui-même distribuer des bulletins de tous les côtés. Il jouit dans tout le cantons de Noyant d'une grande popularité et par conséquent d'un grand secours au milieu de toutes ces populations terrifiées. M. de Falloux a renoncé presque complètement maintenant à l'arrondissement de Segré, et c'est à peine si nous allons avoir le temps de rendre au Bourg d'Iré le 28 pour voter, car nous avons encore les trois cantons de Longué, de Beaufort et de Châteauneuf4 qui nous sont complètement inconnus, et à la merci des manœuvres de toutes sortes de l'administration. Voilà les prussiens à la porte de Vienne ! Comment tout cela va-t-il finir ? Pardonnez-moi, Madame la comtesse, de vous quitter si vite et veuillez recevoir l'expression de tous mes sentiments les plus fidèlement attachées et respectueux.
Henry Drouault