1872 |
16 décembre 1872
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Angers, 16 décembre 1872
Cher ami,
J'ai passé ces deux jours-ci en crise et en travail forcené pour tenir parole à l'imprimerie ; à qui j'avais promis de rendre toute son activité ce matin. Alexandre est venu en effet me prendre dans mon lit pour chercher sa besogne, et j'attends ce soir le premier placard de Madame de Nesselrode1. C'est elle aussi qui m'avait empêché de vous dire combien j'applaudissais la résolution de la majorité, et combien j'applaudis au dénouement nocturne de samedi ; mais maintenant, il faut passer de la victoire morale à la victoire effective. M. Dufaure a très bien parlé, mais il a certainement dans sa poche une grosse carte à payer qu'il va présenter à la commission des Trente2. Si on ne lui répond pas par la demande préalable de plusieurs portefeuilles, au moins ceux de Jules Simon et de Remusat, nous resterons toujours sur le bord du trou et M. Thiers guettera le moment du coup de coude qui devra nous y jeter. Je n'aurais pas attendu la visite de Madame Cochin3 pour l'excursion de Rochecotte, d'abord parce que ce n'était pas là mon motif déterminant, ensuite parce que sa lettre à Mme de Castellane me donnait la conviction qu'elle ne pourrait pas venir. Elle m'écrit le même sens aujourd'hui, et je suis convaincu qu'il y aura charitable délicatesse à n'aggraver ni son regret ni sa situation vis-à-vis de sa sœur. Pour moi, je ne compte que avec l'imprimerie, qui a être spécialement embrouillé par le mélange de manuscrits et d'imprimé qui reconstitue la correspondance Nesselrode. Quand je serai sorti de ce défilé, tout le reste me paraîtra grand'route, et j'espère que cela coïncidera avec mes étrennes. Ces dames s'annoncent pour le courant de la semaine, si le temps continu à être aussi doux. Nantes a beaucoup plus souffert que Angers qui commence à renaître. Je demande une petite mention quand Madame de Castellane correspond avec Champlâtreux.
Alfred
