1873 |
25 mai 1873
Anatole de Ségur à Alfred de Falloux
Paris, 25 mai 1873
Cher Monsieur, je puis vous promettre que l'affaire de votre hôpital ne restera pas longtemps au conseil d'État1 et que de ce côté vous n'avez ni obstacle, ni retard à craindre. Aussitôt que le décret aura été approuvé chez nous, je vous en ferai part et j'espère que ce sera bientôt, puisque Monsieur Chevalier, prévenu par nous, s'apprête à vous l'envoyer.
Je vous écris dans une joie que je ne croyais pas pouvoir éprouver de longtemps, la joie de sentir notre pauvre pays délivré de l'influence énervante et mortelle d'un gouvernement sans principes et rendus à la légitime autorité des gens de biens et des politiques clairvoyants. Nous ne sommes pas encore sauvés, mais la voie du salut et de l'espérance est ouverte et nous ne sommes plus en face d'un abîme inévitable et prochain. Dieu veuille continuer à éclairer l'Assemblée nationale et le nouveau gouvernement et leur permettre de réaliser le programme tracé en quelques lignes dans la belle et noble lettre du Maréchal Mac-Mahon2 !
Je n'ose plus vous parler Académie ; je vais reprendre mes visites suspendues par la crise que nous venons de traverser, et je compte toujours sur votre puissant appui quand le moment opportun sera arrivé.
Recevez en attendant, cher Monsieur avec tous mes remerciements pour vos bonnes promesses, la nouvelle assurance de mon très affectueux dévouement.
Anatole de Ségur.
Avez-vous remarqué que la crise s'est dénouée hier 24 mai, jour de ND [mot illisible] et anniversaire du massacre de martyrs de la Roquette. Je puise dans cette double coïncidence un nouveau motif d'espérer.