CECI n'est pas EXECUTE Mars ou avril 1847

Année 1847 |

Mars ou avril 1847

Louis Veuillot à Alfred de Falloux

Lundi [Mars ou avril 1847]

Monsieur,

Je regrette infiniment d'avoir manqué la bonne occasion que vous m'offriez de m'entretenir avec vous. J'espère la retrouver demain mais comme je ne puis avoir l'honneur d'aller chez vous avant midi et que je crains de ne point vous rencontrer je veux dés ce soir vous donner une courte explication sur l'affaire qui vous occupe. Nous n'avons nullement l'intention d'étouffer M. Dupanloup1. Nous ne poussons pas à ce point la rancune contre les amis qui nous étranglent. J'entends bien pour ma part, si M. de Coux2 y consent, parler de sa brochure sans complaisance mais avec équité, comme toujours. Cet article paraîtra prochainement, je ne le promets pas pour demain, mais M. Dupanloup n'attendra guère. Du reste, avec la meilleure volonté du monde, nous n'aurions pu parler encore : la brochure3 n'existe pour nous que depuis hier. On ne nous l'avait pas communiquée d'avance.

Je ne me suis pas trompé Monsieur, sur la démarche que vous avez bien voulu faire et j'en suis pour ma part extrêmement touché et reconnaissant ; mais soyez convaincu que vos sentiments ne sont pas plus conciliants que les nôtres. L'attitude que nous avons dû prendre envers M. Dupanloup n'est point celle de l'attaque, mais celle de la défense. Comme ce sont ses procédés et ses procédés seuls qui nous ont amenés où nous en sommes, ce sont ses procédés aussi qui changeront seuls ou qui maintiendront cette situation.

Daignez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments tout dévoués.

Louis Veuillot

Notes

1Partisan d'une transaction avec le gouvernement sur la question de l'enseignement, le célèbre abbé venait de publier, en réponse au projet de l'enseignement de Salvandy (mars 1847) une brochure intitulée De l'état actuel de la question dans laquelle il argumentait en faveur d'une pacification religieuse réclamant l'organisation de l'enseignement libre à côté de l'enseignement officiel, repoussant les "positions extrêmes" de certains catholiques dont Louis Veuillot qui demeurait hostile à tout compromis avec l'Université. Se sentant mis en cause dans cette brochure (sous le terme de « positions extrêmes »), L. Veuillot, devenu maître de L'Univers refusait de faire paraître l'annonce de la dite brochure dans son journal.
2Charles de Coux (1787-1864), professeur d'économie politique à l'université catholique de Louvain est alors le rédacteur en chef de L'Univers mais Louis Veuillot en est le maître. Moins  intransigeant que son mentor auquel il reprochait son soutien inconditionnel à Pie IX, il quitta le journal peu après la révolution de février de 1848.
3De l'état actuel de la question.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Mars ou avril 1847», correspondance-falloux [En ligne], Monarchie de Juillet, Années 1837-1848, Année 1847, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 28/09/2013