1871 |
5 novembre 1871
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Bourg d'Iré, 5 novembre 1871
Cher ami, je suis revenu au Bourg d'Iré en passant par la Hussière avec un chirurgien major qui avait la grande charité de venir donner une consultation un petit blessé qui m'intéresse beaucoup. Nous avons causé tout le long du chemin de l'armée près de laquelle il n'a cessé de remplir depuis 25 ans, des fonctions qui le mettent en rapport avec toutes les armes et tous les grades. C'est un homme très calme, très sensé, et qui m'a paru sans aucun parti pris, si ce n'est pour lors. J'ai donc fait de tout l'entretien une enquête, dans le résultat est que l'armée été orléanisme, il y a six mois, mais que l'inaction des princes, et l'impatience de voir M. Thiers passer des revues, et trancher du général, jointes à beaucoup de menées personnelles du côté des Bonapartes, a ramené une incalculable portion de l'armée vers l'empire ; que la déposition du Maréchal Mac-Mahon sur ce dans donne un prétexte pour son retour à ceux qui gardaient encore quelque hésitation, et que le mouvement va en s'accélérant à toute vitesse.
La chronique du dernier Correspondant est toute entière sur le suffrage universel et sur Naville, et je vous en avertis, parce que je vous soupçonne de ne pas vous apercevoir assez à quel point le Correspondant va mieux depuis qu'il va tout seul et que nous nous ne nous en mêlons plus.
Toutes mes premières paroles ici ont été pour Rochecotte, et pour gémir des obstacles ou qui nous en sépare ou qui nous empêchent de donner à la réunion les proportions de notre tendre désir. Marie vous a écrit que nous avions un remboursement à subir le 15, et moi, d'inextricables embarras pour la nouvelle obligation de l'enregistrement des beaux, presque tous les miens étant jusqu'ici, sous seing privé. Enfin nous marchons rapidement vers le 15, et vous pouvez être tous bien sûrs que pas une minute ne sera perdue par notre faute. Au revoir donc, au revoir.
Alfred.
