1871 |
30 octobre 1871
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Angers, 30 octobre 1871
Cher ami,
Edgar de Baracé1, mon cousin est venu hier m'offrir sa maison toute meublée. Je l'ai aussitôt visitée et j'en ai rendu compte à Marie, dont la réponse ne pourra m'arriver que demain. Un des meilleurs arguments en sa faveur, c'est que vous pourriez y avoir une chambre quand vous croiriez pouvoir l'occuper, sans laisser Madame de Castellane à l'abandon, ce dont je ne voudrais pour rien au monde, me faire le complice. Je vous dicte ces quelques mots à grand-peine, car j'ai passé une détestable nuit. Je veux cependant vous remercier de votre lettre électorale de ce matin. Je ne m'en rends pas encore bien compte mais je vais la faire passer tantôt à nos amis du conseil général et à Cumont. Je veux dire aussi à Madeleine2 que son père et sa mère étaient en fort bonne santé hier, de trois à quatre heures, et m'ont fait passer un bien bon moment, dont je la prie de les remercier encore pour moi. Personne n'avait rien écrit sur le compte de juillet, mais je n'avais pas cru impossible que la présence de son cousin et de sa cousine le fissent revenir par Rochecotte à Nantes, où il est attendu ces jours-ci.
Nous allons avoir à Angers un journal par ordre disent ceux qui le fondent, avec cette devise: le pape avec le Syllabus, le roi avec le Manifeste. La rédaction en est confiée par les Quatrebarbes3 à M. Muller, qui avait déjà livré ces mêmes Quatrebarbes à Laval, sous l'Empire, pour se donner à Émile de Girardin4 de chez qui il revient directement à Angers. Voilà la seule manière d'être légitimiste, et si vous ne reconnaissez pas que c'est la bonne, vous m'étonnerez beaucoup. Dans l'espérance d'une réponse favorable cher ami, et de votre abonnement empressé à L'Etoile, je vous embrasse quoique avec grand redoublement de tristesse.
Je lis Veuillot.
Alfred
