1870 |
14 décembre 1870
Pauline de Castellane à Alfred de Falloux
Mercredi, 14 décembre 1870
Le vicomte de Rochefort1 sort d'ici. Il me dit Amboise pris sans coup férir par les Prussiens. Ceux-ci disant que cela ne vaut plus la peine de tirer. Chanzy2 et son armée (par conséquent Antoine de Castellane très probablement) en déroute depuis lundi sur Vendôme se dirigent vers le Mans. Les Prussiens ont l'air de ne pas venir par ici, mais de se diriger sur Bordeaux. Gambetta seul veut la guerre à outrance. Tours acclame la paix. La troupe ne veut plus se battre. 15.000 hommes de ces troupes sont en passage sur nos routes se rendant à Angers où elles doivent trouver les ordres. Bertou a quitté Tours hier <ligne illisible> se dirigeant sur Vendôme à la recherche d'Antoine. Notre chemin de fer ne marche plus et à Tours il n'y a plus ni poste aux lettres ni chemin de fer ni intendance ni <mot illisible> ni préfet (il est à Chinon), ni rien ni rien.
Je vous embrasse tous.
Pauline de Castellane.
1Rochefort, Louis Stéphane de Moulins, vicomte de (1814-1890), parent de Marie de Falloux et gendre d'Aristide Locquet de Grandville, le plus fidèle ami de Berryer.
2Le général Chanzy commandait l'armée de la Loire.
Chanzy, Alfred Antoine Eugène (1823-1883), général. Il fut nommé commandant de l'armée de la Loire pendant la guerre franco-prussienne. Élu des Ardennes à l'Assemblée nationale de 1871, il siégea au centre gauche. Le 10 décembre 1875, il est élu sénateur inamovible. Son attachement au maréchal Mac Mahon et son hostilité à la politique anticléricale l'éloigne peu à peu de ses amis du centre gauche.