CECI n'est pas EXECUTE 9 mai 1882

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9 mai 1882

Paris, 9 mai 1882

 

Je reviens de l'Hôtel des ministres1 : j'étais allé vous y porter mes respectueux remerciements ; je me hâte de vous les envoyer au Bourg d'Iré. Je suis singulièrement honoré et heureux de tenir de votre main vos Discours et Mélanges politiques2. En les publiant, vous venez de rendre un nouveau service à notre pauvre pays. L'esprit public, qui s'égare si aisément en ces temps troublés, a besoin de guide tel que vous. C'est l'éclairer une fois de plus que de vous remettre sous les yeux cette histoire de vos combats ; et c'est en même temps fortifier la conscience par le spectacle d'une admirable fidélité aux mêmes principes, c'est la fortifier et la consoler.

Quelle intelligence nette, vive, souple des hommes et des choses, des aspirations, des besoins, des circonstances et quelle hauteur de vue ! Quelle sagesse ! Quel sens politique ! Quelle autorité et quel charme ! Tout cela vit et respire dans ces pages. On n'y voit, on n'y suit, on n'y écoute l'éminent homme d'État, honnête homme, chrétien, grand orateur et grand écrivain, qui, durant son trop court passage au pouvoir, a fondé une si précieuse liberté, et qui,retenu loin des assemblées politiques par le malheur des temps, a néanmoins exercé sur l'opinion politique une incomparable influence. Il est bon de se remettre à sa suite dans cette histoire de nos trente ou quarante dernières années. Tout ce qui a quelque souci du beau et du bien regardera avec respect ce noble mouvement d'une vie toute entière dépensée au service du pays, de la vraie liberté, de la religion ; ce qui servent avec conviction et passion, ces mêmes grandes causes, chercheront dans le beau livre que vous publiez un salutaire enseignement. Vous êtes un maître, Monsieur le comte : heureux ceux qui sauront méditer pour le son et en profiter !si humble que soit la sphère où s'exerce l'activité d'un citoyen, dès qu'il est capable de penser et qu'il tient une plume ou qu'il a une autorité ou une influence quelconque, que n'a-t-il pas à apprendre à votre école !

Encore une fois je vous remercie de vous être souvenu de moi de m'avoir donné vous-même ces <[mot illisible> volumes.

Oserai-je vous offrir un faible témoignage de ma respectueuse admiration ? La religion, la vraie liberté, la patrie, j'essaie de les servir pour ma petite part, et c'est le sentiment qui anime mes essais philosophiques. Que cela les recommande à vos yeux. Je vous en fais bien respectueusement hommage. Veuillez agréer, Monsieur le comte, l'assurance de ma gratitude, de mon admiration, de mon dévouement.

Léon Ollé-Laprune

 

1Cet hôtel, situé rue de l'Université était celui où Falloux séjournait le plus souvent lors de ses séjours à Paris.

2Falloux venait de publier Discours et mélanges politiques, Paris, Plon, 1882.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 mai 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 05/10/2014