1878 |
24 juin 1878
Alfred de Falloux à Mgr Dupanloup
24 juin 1878
Cher Seigneur, je vous restitue la lettre d'Hilaire [de Lacombe], en m'unissant tout-à-fait à son point de vue sur la réserve à mettre dans la publicité des procès-verbaux1. Je suis convaincu qu'ils peuvent être considérés comme papiers d'état, et qu'on pourrait, dans les circonstances actuelles, vous chercher une dangereuse querelle. Je crois, en outre, que littérairement parlant, des appréciations de votre chef appuyées sur quelques citations, dont vous garantiriez l'authenticité d'après vos propres souvenirs et d'après des notes prises par vous, seraient plus éloquentes et feraient plus d'effet que des fragments de procès-verbaux juxtaposés. Vous pourriez d'ailleurs ajouter : « Tel était le langage de M. Thiers, tel était celui de M. Thiers, telle fut ma réponse, et j'affirme que les procès-verbaux officiels, quand ils pourront être publiés, ne me démentiront pas. »
Ceci dit, cher Seigneur, je fais de vœux pour qu'un travail si important voie promptement le jour, et je vous remercie de nouveau de l'avoir entrepris. Ce souvenir d'une œuvre que le P. Lacordaire nommait dans un testament publié par Montalembert « l'édit de Nantes du XIXe siècle ». Ce monument d'une victoire remportée par la fermeté mêlée de prudence et sanctionné par les représentants d'une société qui, ne se sentant pas injuriée et menacée par nous, tous les jours, étaient heureux de nous emprunter notre force morale et de nous donner en retour leur force politique, tout cela est urgent à faire revivre aujourd'hui, urgent pour Paris, urgent pour Rome.
Bon courage donc, cher Seigneur, et bien à vous de tout cœur.
Falloux
1Il s'agit des procès-verbaux de la commission chargée d'élaborer la loi sur l'enseignement qui allait devenir la « loi Falloux » adoptée en 1850.
