CECI n'est pas EXECUTE 15 décembre 1851

Année 1851 |

15 décembre 1851

15 décembre 1851*

Mon ralliement1 est un propos ridicule qui n'a et ne peut avoir l'ombre d'un fondement ou prétexte. Mais le désir de voir maintenu le faisceau du parti de l'Ordre2, mais la conviction que ce qui s'accomplit est l’aplanissement providentiel des voies monarchiques, cela non seulement je l'avoue, je le professe d'accord avec l'unanimité de notre comité à Paris3. Kerdrel doit vous écrire dans le même sens ainsi que Seré4 et Fresneau. Nous nous sommes quittés, il y a quatre jours, dans une parfaite identité de pensée et d'action.

Quant au scrutin nous n'y attachons aucune importance. L'abstention5 est une sauvegarde pour les consciences et dignité, nullement une situation de combat. Là où le clergé et les populations voudront dire oui un gouvernement en lutte ouverte avec le socialisme, il n'y a pas intérêts de parti à combattre ces tendances, loin de là. Nos amis maires ou conseillers municipaux pourraient perdre sur leurs administrés un empire qu'il importe énormément à l'avenir de conserver. Dans ce cas l'abstention devra se traduire par un billet blanc silencieusement déposé dans l'urne. Cela vient d'être adopté à Angers comme cela est souhaité à Paris. Je vous charge bien spécialement de montrer ce griffonnage à Mgr de Rennes6 avec mes excuses de cette familiarité et mon plus empressé respect. Veuillez aussi la communiquer de ma part à M. de K[erdrel]. Quant aux autres, je vous laisse juge et maître…

Pas un mot imprimé en mon nom par l'excellente raison que je ne saurais suffire aux démentis et que le reste se trouverait confirmé. Le jour de la liberté et des rectifications viendra. Je suis patient et confiant.

L. de Trédern

 

 

*Lettre publiée in B. A. Pocquet du Haut-Jussé, Correspondance politique de Barthélémy Pocquet, rédacteur du « Journal de Rennes » 1848-1878, Librairie Kliencksieck, Paris, 1976, p. 29.

1Falloux fait ici allusion aux rumeurs selon lesquelles il s'était rallié à l'Empire.

2Formé à l'occasion des élections législatives du 13 mai 1849, le parti de l'Ordre regroupe près de 450 élus conservateurs (légitimistes, orléanistes et bonapartistes) ayant pour mot d'ordre : « Ordre, propriété, religion ».

3Le comité de la rue de Poitiers. Les légitimistes et orléanistes du parti de l'Ordre se réunissaient dans une salle de l'Académie de Médecine, située rue de Poitiers.

4Seré, Henri Marie de (1808-1878), propriétaire et homme politique. Élu député d'Ille-et-Vilaine à l'Assemblée législative de 1849, il siégea avec la droite monarchiste. Ancien secrétaire de Falloux, il était rentré définitivement dans la vie privée après le coup d'état du 2 décembre. Il était rédacteur du Journal de Rennes, un journal sur lequel Falloux conservait une influence certaine.

5Falloux comme son ami A. Berryer est hostile à la consigne d'abstention que le Comte de Chambord entend faire observer aux légitimistes.

6Brossais Saint-Marc, Godefroy (1803-1878), prélat. Ordonné prêtre pour le diocèse de Rennes en 1831, il fut nommé évêque de cette ville par Louis-Philippe en 1841. Ardent orléaniste, il contribua néanmoins à l'attachement de ses diocésain à l'Empire ce qui lui valut de devenir le premier archevêque de Rennes. Il fut élevé au cardinalat par Pie IX lors du consistoire du 17 septembre 1875.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 décembre 1851», correspondance-falloux [En ligne], Années 1848-1851, Seconde République, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1851,mis à jour le : 19/01/2015