1882 |
9 août 1882
Charles Place à Alfred de Falloux
Rennes, 9 août 1882 (en retraite pastorale)
Monsieur le comte,
J'ai reçu au cours de ma visite pastorale, les Discours et mélanges politiques 1» que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser et si je ne vous ai pas dit plus tôt ma reconnaissance pour ce gracieux envoi, je vous prie de m'excuser, mes confirmations ayant été suivies immédiatement de mes retraites ecclésiastiques.
J'ai été très heureux de retrouver dans ces beaux volumes ces discours qui, du haut de la tribune, avaient dans tout le pays un si grand et si légitime retentissement, et de relire ces brillants écrits qui étaient, au moment de leur apparition, des événements. Ils n'ont rien perdu de leur actualité, et leur publication est un nouveau service rendu aux causes aujourd'hui vaincues mais immortelles dont vous avez été l'infatigable et glorieux soldat. Ceux qui, à votre exemple, se vouent à les défendre y trouveront des armes qui les aideront à vaincre.
Il n'y aurait rien à retrancher et que pourrait-on ajouter à ces magnifiques harangues sur la liberté d'enseignement, et à tant d'éloquentes pages sur la papauté et la question romaine, redevenue, par la force des choses la question capitale. Comme les faits ont donné raison à vos alarmes de catholique et de français et aux vues de l'homme d'État! et si pleine justice n'a pas toujours été rendue à cette loi de 1850, à laquelle vous avez mérité l'honneur d'attacher votre nom qu'elle gardera dans l'histoire et dans la mémoire reconnaissante de l’Église et de la France chrétienne, ce qui se passe aujourd'hui vous venge douloureusement de cette méconnaissance, et les désastres qu'amènerait la destruction de votre œuvre en font mieux comprendre le bienfait.
Veuillez agréer, Monsieur le comte, l'hommage de mon très respectueux dévouement.
Ch[arles] Pl[ace], arch[evêque] de Rennes.
1Falloux venait de publier Discours et mélanges politiques, Paris, Plon, 1882.
