CECI n'est pas EXECUTE 14 décembre 1865

Année 1865 |

14 décembre 1865

François Poujoulat à Alfred de Falloux

Archevêché de Tours1, 14 décembre 1865

Mon cher ami,

On me renvoie d'Ecouen votre lettre du 12 ; elle est pleine de choses aimables dont je vous remercie. J'aurais désiré une ou deux pages de vous dans le Correspondant, parce que la portée politique de mon livre me paraît devoir répondre aux vœux de quiconque aime sincèrement son pays et la liberté. Cet ouvrage donne à nos principes un caractère généreux et national qu'il ne serait pas inutile de mettre en lumière. M. Cochin a dû charger quelqu'un d'annoncer mes deux premiers volumes2 dans le Correspondant ; mais je m'attends à quelque petit article de pacotille, et à rien de plus. Ce noble recueil ne m'a d'ailleurs jamais beaucoup gâté. Je sens bien que je ne mérite rien de plus, mais ce n'est pas de moi, c'est de l'intérêt de nos idées que je m'occupe. Vous seul, mon cher ami, vous auriez pu faire accepter d'équitable et d'importantes appréciations. Pourquoi faut-il que votre bon vouloir soit dominé par la tyrannie de vos souffrances ? Votre névralgie fait partie de nos misères contemporaines.

Je vous verrai, j'espère, ce printemps, soit à Paris, soit au Bourg d'Iré. Une longue conversation avec Monsieur de Lamartine3 précédera de longs et nécessaires entretiens avec vous. Les vraies causes des journées de juin seront à des points les plus importants à mettre en pleine lumière. Souvenez-vous, cherchez, rassemblez : ce sera bon pour tous.

Je suis ici depuis une semaine et j'y resterai jusqu'à l'avant-veille de Noël. Vous savez combien mon vénérable ami vous aime ; les grands intérêts et les grands périls de tiennentdans pas une petite place dans nos conversations de tous les jours. Je travaille ici comme à et cours. Je tousse et je crains le froid ; voilà pourquoi je ne vous exprime pas le désir d'aller vous visiter en ce moment.

Croyez, mon cher ami, à mon attachement le plus vrai, et offrez à Madame de Falloux mes plus respectueux hommages.

Poujoulat

 

P.S. La veille de mon départ d'Ecouen, j'avais pu parler de vous à Champlatreux avec la marquise de La Ferté4.

1F. Poujoulat est alors, semble-t-il à Tours chez Mgr Guibert. Guibert, Joseph-Hippolyte (1802-1886), évêque de Viviers, il avait été nommé à larchevêché de Tours le 4 février 1857. Plutôt gallican à lorigine, il ne montra guère de sympathie pour lUnivers. Il fut nommé archevêque de Paris en 1871.

2Il s'agit vraisemblablement de son Histoire de France depuis 1814 jusqu'au temps présent, Paris, Vve Poussielgue et fils, 1865, 2 vol.

3Le célèbre poète avait été, comme l'on sait, l'un des acteurs de l'avénement de la République après les journées de février 1848.

4La Ferté, Adélaïde Christine Clotilde (1810-1872), mariée en 1829 à Mabire Antoine Fernand, marquis de La Ferté Meung. Elle était la fille du comte Molé.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 décembre 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1865,mis à jour le : 10/04/2015