Année 1866 |
26 juillet 1866
Alfred de Montreuil à Edouard de Fitz-James
Segré, 26 juillet 1866
Monsieur,
Votre tournée électorale d'aujourd'hui m'oblige, et me donne l'occasion d'avoir l'honneur de vous faire quelques observations dans votre parcours à ce sujet ; vous avez dérangé mon fermier de ses travaux pour lui faire distribuer des bultins [sic] au nom de M. de Faloux [sic] par l'homme d'affaire de Monsieur de St Genis1, qui vous accompagnait. Cette démarche, et ce sentiment de votre part, est pour moi des plus naturels ; mais ce qui me paraît on ne peut plus étrange, ce sont ces questions que vous avez adressées à mon fermier.
M. Montreuil vous a sans doute donné des bultins [sic].
Non Monsieur vous a-t-il répondu cette réponse était la plus grande vérité qu'il pouvait faire. Mais Monsieur, j'ai reçu ma carte qui m'a été envoyée par Monsieur le maire, avec un bultin [sic] pour voter pour Monsieur Berger.
Ce n'est pas cela mon père Friché il faut voter pour M. de Faloux [sic] cette invitation de votre part, et cette expression est de toute bonté et plus que familière, je peux le dire attendu que le père Friché n'a eu que ce nom, sans avoir le bonheur de la famille.
Vous êtes parent de Beldautière, c'est vrai je suis son frère ce n'est ou ne peut plus naturel.
Mais ce que je trouve qu'il ne l'est pas du tout, c'est de dire à mon fermier déchiré le bulletin de Monsieur Berger2 et voter pour Monsieur de Falloux vous ne le direz pas à votre maître. Que diriez-vous Monsieur si je me permettais un pareil procédé vis-à-vis d'un de vos fermiers qui peuvent vous devoir je supose [sic] toute la reconnaissance que le mien doit avoir pour moi, et pour ma famille.
Je vous en mais le juge de la délicatesse et des convenances qui doivent guider dans cette circonstance que vous devez noblement apprécier et donner l'exemple.
Sous ce rapport cette affaire je ne dirai pas m'en rappelle une autre attendue que je ne l'oublierés [sic] jamais et avant d'en parler, j'éprouve le besoin de vous dire qu'il m'est pénible de la rappeler d'abord par le sentiment tout naturel du respect que j'ai profondément pour les dames ce qu'il leur ai légitimement dû. J'ai malgré cela à me plaindre à ce sujet d'un procédé à mon égard de Madame de Fitz-Jeamme3 en 1864 nous avions depuis longtemps un jeune homme nommé cordier, que nous avions pris à notre service très jeune par considération pour sa famille ses q[uali]tés répondaient aux services que nous en avions.
Madame de Fitz-Jeamme, sans observer aucune convenance vis-à-vis de nous au mois de novembre 1864 fit appeler ce jeune homme, pour le faire placer chez M. de Faloux ou il ne put pas accepté [sic] après ces préparatifs de départ à l'insus [sic] de ses maîtres il fut très heureux de retrouver son gîte qu'il lui fut offert par son inexpérience et son jeune âge que nous avons pris en considération.
Veuillez me dire Monsieur si ces observations que j'ai honneur de vous adresser ne sont pas fondées. Je m'accepte à l'avance toute la rectification. J'ai l'honneur de vous saluer.
A. Montreuil4
1Les Saint-Geny demeurent dans leur château de La Gemmeraie, à La Chapelle-sur-Oudon (Maine-et-Loire).
2Berger, François Eugène (1829-1903), homme politique. Attaché au ministère de l'Intérieur, il entra au Conseil de préfecture des Basses-Alpes, puis du Loiret et revient au Ministère de l’Intérieur comme sous-chef du cabinet du ministre puis chef du bureau du personnel en 1860. Candidat officiel, il sera élu député du Maine-et-Loire (circonscription de Segré-Baugé) en 1866 et réélu en 1869. Membre du Conseil général du Maine-et-Loire sous l'Empire; réélu en 1873. Son père occupa longtemps le poste de secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire.
3Margareta Augusta Maria av Löwenhielm (1830-1915), épouse, depuis 1830 du duc Edouard de Fitz-James (1828-1902).
4Alfred Eugène, baron de Montreuil Cordier (1802-1866), propriétaire à Segré.
