CECI n'est pas EXECUTE 2 juillet 1874

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2 juillet 1874

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Néris1, 2 juillet 1874*

Chère Madame,

Bertou vous a rendu compte de l'état lamentable dans lequel me met Néris, et depuis 10 jours la névralgie, plus aigu que jamais, ne m'a, pour ainsi dire, pas laisser un instant de répit. Aujourd'hui, j'ai encore bien peu ma tête, mais le peu que j'en ai veut venir à vous, pour vous répéter mes vœux, plus fidèle que jamais, et répondre aux quelques mots de votre dernière lettre.

L'abbé d'Outremont2 n'a aucune chance d'être nommé archevêque, et je crois, en outre qu'il n'y a aucun titre ; je crois que vous ferez bien de ne pas entretenir des gens à cet égard chez les chers Beaumont. La vertu de leur ami n'est mise en doute par personne, mais la rectitude de son jugement est extrêmement contestée, et ce n'est pas dans ces conditions qu'on peut songer à une promotion aussi considérables. Si les Beaumont savent que vous m'avez consulté, veuillez leur dire combien, en cette occasion comme en tout autre, j'éprouve de regrets quand je ne puis pas me mettre entièrement à leur disposition. Quand à la Forbine3, j'espère être de ceux qui ont contribué à lui faire retirer son volume4, bien que je ne l'ai pas lu ; mais plusieurs personnes très graves et en un temps très sympathiques à l'auteur, m'ont affirmé que cette publication causerait un véritable scandale, et que le Correspondant ne pourrait pas manquer de s'élever contre avec énergie. La même impression lui avait été transmise d'autre part, et je crois que le parti de la retraite, qu'elle a pris, était le meilleur, tout en vous répétant que je n'ai encore rien pu lire par moi-même.

Je vous quitte maintenant, chère Madame, pour profiter de mon quart d'heure de mieux et écrire à Cumont en l'honneur de Saint Michel. Vous ne pouvez pas douter de son empressement.

Marie va un peu mieux, Madame de Caradeuc a encore été obligé de passer par les sangsues, comme vous savez. Notre départ est définitivement fixé à dimanche soir ou à lundi soir, selon le degré de la chaleur. Les religieuses de l'hôpital5 vous gardent un tendre souvenir et de fidèles prières.

Au revoir, au revoir, j'espère.

A. de F.

1Néris-les Bains, dans l'Allier. Falloux y effectua plusieurs séjours pour soigner ses névralgies.

2Outremont, Hector Albert Chaulet d' (1825-1884), entré dans les ordres en 1854, il avait été sacré évêque d'Agen en 1871 ; il sera transféré au siège du Mans le 12 décembre 1874.

3Il s'agit de la marquise Roselyne Forbin d'Oppède, Roselyne (1822-1884). Historienne, elle écrivit aussi sous le nom de L. Maynier. Elle était poche des catholiques libéraux. Voir l'ouvrage que J.-M. Palanque a consacré à sa correspondance, Une catholique libérale du XIXe siècle : la marquise de Forbin d'Oppède d'après sa correspondance inédite, Louvain-la-Neuve et Leuven, 1981.

4La marquise venait de consacrer, sous le pseudonyme de L. Maynier, un ouvrage sur le Concile de Trente, Étude sur le concile de Trente dont seul le premier sera publié. Falloux et plusieurs de ses amis jugeaient trop véhéments certains de ses jugements sur l'Église.

5L'hopital Swetchine fondépar Falloux à Segré.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 juillet 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 22/04/2019