CECI n'est pas EXECUTE 3 avril 1870

Année 1870 |

3 avril 1870

Mgr Freppel à Alfred de Falloux

3 avril 1870*

M. le Comte,

Je n'ai pas cru devoir faire usage de votre lettre avant d'avoir pris l'avis de Mgr votre frère1 qui est très au courant de la situation des choses à Rome. Son sentiment à cet égard a été le mien. Il n'est pas dans les habitudes de la cour romaine de donner de la publicité à des déclaration portant sur des faits qui ne sauraient lui être imputés à aucun titre. Il suffit que le St Père n'ait pas prononcé votre nom (et personne n'affirme le contraire) pour que tout le bruit de journaux tombe de lui-même, et c'est en effet le résultat que nous avons vu se produire.

Nous pensons également que des explications ultérieures échangées avec l'archevêque de Cambrai2 n'aboutiraient à aucun résultat satisfaisant. Du moment que le vénérable prélat se défend d'avoir voulu faire aucune allusion à votre personne, toute réclamation subséquente ne pourrait avoir d'autre objet qu'une différence d'appréciation sur l'état des esprits et sur l'attitude des partis. Or, il est évident qu'une discussion de ce genre dépasserait les proportions d'une simple lettre et traînerait en longueur sans profit pour personne. Mgr Régnier et vous, M. le Cte, vous êtes faits pour vous entendre. Il y a de part et d'autre un esprit de mesure et une droiture de caractère qui ne sauraient laisser d'ouverture qu'à des dissentiments passagers. Je regretterais beaucoup que des malentendus pussent amener quelque froid dans des rapports jusqu'ici empreints d'une grade cordialité. D'ailleurs, si je ne m'abuse, nous entrons dans une période d'apaisement. Les questions de personne s'effacent pour faire place à la discussion des thèses elles-mêmes. Le concile poursuit ses travaux dans un calme parfait et avec une activité réelle dont on ne se rend pas assez compte au dehors. Quoiqu'il en soit et quoiqu'il en ait été, la grande assemblée sera, comme l'annonçait Pie IX, une œuvre d'illumination et de pacification. Il ne faut pas que les défenseurs de la cause catholique permettent à des accidents de polémique d'affaiblir les liens qui doivent les unir, car au sortir du concile, nous nous retrouverons tous devant l'ennemi commun. Agréez M. le Cte la nouvelle assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.

Freppel

 

*Archives départementales du Maine-et-Loire


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 avril 1870», correspondance-falloux [En ligne], Année 1870, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 01/09/2015