CECI n'est pas EXECUTE 25 octobre 1876

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25 octobre 1876

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

25 octobre 1876*

Chère Madame, j'avais bien grand besoin de consolation en quittant Rochecotte, et dois-je vous dire que le bon Dieu m'en a envoyé une, et par qui ? par Monsieur et Madame de Caqueray1 qui sont entrés dans notre wagon à Saumur et, jusqu'à la gare d'Angers inclusivement, n'ont pas cessé de nous témoigner les sentiments les plus aimables et de nous conter les anecdotes les plus piquantes. Je sais à présent que les chaussettes sont hérétiques, que les bas sont orthodoxes, et je comprends pourquoi Jean de Castellane2 a un pantalon précoce !

Veuillez dire aux chambres du clergé et de la noblesse réunies en ce moment à Rochecotte que je n'ai vu l'évêque d'Angers3 que durant 2h 1/2 seulement. Il n'y a pas une chose que vous me connaissez dans le cœur et dans la tête dont je ne me sois pleinement soulagé, et il m'a paru que mon interlocuteur demeurait assez soucieux en me reconduisant avec sa bonne grâce habituelle. Il a essayé un instant de diversion en m'annonçant que sans qu'il y fut pour rien, l'évêque de Poitiers, par la bouche de sa Semaine religieuse, venait d'infliger à Augustin Cochin les paroles terribles reproduites par L'Univers de ce matin. J'ai répondu : « Quel bonheur pour moi, Mgr, que vous m'ayez appris, il y a trois semaines, qu'on ne doit pas faire trop de cas des Semaines religieuses ! »

Et j'ai repris mon thème sur tous les chapitres et surtout les noms propres du gros volume de l'abbé Morel.

Je vais tout à l'heure revoir M. Farge, et partir demain matin pour Le Bourg d'Iré. Pardonnez-moi de me ménager ainsi par le silence sur une douleur dont je vous sais vous-même si affligée. Remercier bien toutes les délicatesses et tous les affectueux sentiments qui vous entourent. Cela ne détruit pas le fardeau, mais cela aide à le porter, et c'est le seul service désormais qu'on puisse encore me rendre. Merci, merci.

A. de F.

 

 

*Archives du Maine-et-Loire

1Charles de Caqueray et son épouse, propriétaires du château de La Salle, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire).

2Jean de Castellane (1868-1948), petit-fils de Pauline de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 octobre 1876», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1876,mis à jour le : 12/09/2015