CECI n'est pas EXECUTE 19 juin 1876

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19 juin 1876

Joseph de Bennetot à Pauline de Castellane

Bourg d'Iré, 19 juin 1876

Madame la marquise, le temps continue à être si mauvais et si froid que Monsieur de Falloux ne peut réussir à se débarrasser de sa grippe qui s'était même compliquée, un moment, d'un léger mal de gorge. Toutefois les eaux du Mont-Dore, commencées hier, paraissent devoir agir avec efficacité et promptitude, et je ne doute pas d'une guérison complète d'ici à très peu de jours.

En attendant, Monsieur de Falloux s'inquiète fort, au fond de son lit, du silence de Schlangenbad1 qui laisserait supposer que les souffrances y sont redevenues plus douloureuses. Il fait donc un instant appel à la charité d'une plume quelconque et lui demande le bulletin détaillé de toutes les santés.

Vous savez certainement par Monsieur de Bertou, Madame la marquise, l'heureuse arrivée de ces dames en Bretagne2. Le voyage s'est accompli en deux étapes dans des conditions inespérées. Partie d'ici mercredi dernier, à midi, la caravane a couché à Vitré, a gagné Rennes le lendemain, puis Caradeuc tout d'une traite, et se maintient là-bas dans un état assez satisfaisant, malgré la rigueur d'une température qui oblige Mad. de Caradeuc elle-même à faire du feu dans son appartement.

Les fêtes de Combrée, définitivement fixées au mardi 27 juin, nous retiendrons ici jusqu'à la fin du mois où nous nous mettrons directement en route pour la Bretagne. L'état de faiblesse et de souffrance de Madame de Falloux a fait abandonner à Monsieur de Falloux toute idée d'un détour par Paris qu'il avait espéré pouvoir faire traverser aussi à Mademoiselle de Falloux.

Monsieur l'évêque d'Angers3 changeant encore une fois d'attitude, a écrit avant-hier à Monsieur de Falloux que le curé de Segré venait de prèvenir la supérieure de Sainte-Anne que, tout en gardant son opinion sur l'inopportunité du retour de la soeur Saint-Joseph, ils ne mettaient cependant aucun obstacle personnel à cette combinaison.

Nous attendons avec une curiosité bien impatiente le résultat de cette déclaration.

Je suis bien coupable envers Monsieur l'abbé Couvreux que je n'ai même pas remercié de sa bonne lettre, reçu à Paris. Je lui demande humblement pardon de temps de négligence et lui promets, en expiation de ma faute de faire annoncer télégraphiquement à Schlangenbad par Monsieur de Falloux la restitution de la soeur Saint-Joseph, si Monsieur l'évêque d'Angers consent enfin à la rendre à ses pauvres.

Veuillez agréer, Madame la marquise, l'hommage des sentiments aussi respectueux que dévoués de votre très humble serviteur.

J. de Bennetot

 

1Ville thermale d'Allemagne.

2Marie de Falloux et sa mère Madame de Caradeuc avaient l'habitude d'aller passer la saison estivale à Caradeuc.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 juin 1876», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1876,mis à jour le : 05/12/2017