CECI n'est pas EXECUTE 12 juillet 1877

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12 juillet 1877

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

12 juillet 1877*

Chère Madame, j'avais promis à Mad. de Caradeuc1 et à Loyde, qui y tenaient beaucoup, de vous fêter le jour de Saint-Paul2; ne l'ayant pas fait, j'avais promis de m'accuser près de vous comme seul coupable, et je n'ai pas tenu cette seconde promesse plus que la première. Je n'ai donc point d'excuses à vous présenter, sauf une pourtant qui peut-être en comprend beaucoup d'autres : c'est que je pense à vous, chère Madame, et à tout ce qui est vous beaucoup plus souvent que tous les jours, et que, quand je vous écris, je songe à ce qui me préoccupe en commun avec vous plutôt qu'à formuler des sentiments qui vous sont si bien connus. Néanmoins j'ai eu grand tort, tort envers vous, tort envers vos deux fidèles amies du Bourg d'Iré qui m'en ont bien querellé, et je demande humblement pardon.

La mort de Monsieur de Melun a été aussi douce qu'édifiantes : il n'a point eu de délire, point d'agonie, et, sauf les derniers moments où il a perdu insensiblement connaissance, il n'a cessé d'exprimer à tous ceux qui l'entouraient les sentiments les plus affectueux et les plus résignés. J'espère que ses œuvres seront racontées par un historien digne de lui. Ce sera un bien bel exemple pour apprendre à aimer le bien et pour apprendre aussi à le bien faire, sans ostentation et avec le plus parfait dévouement.

Notre bulletin ici demeure le même et pencherait plutôt vers le mieux, du côté de Madame de Caradeuc. Loyde attend demain le retour des Pontbriand3, ce qui est sa plus vive joie. Je ne sais encore rien de positif en ce qui touche les candidatures électorales, sinon que Segré est lié envers M. Janvier4, l'un des 1585, et qu'on a l'espoir de dégager Lombez6 de son analogue par un poste de magistrat, ce qui assurerait alors la raie élection d'Albert de R[ességuier]. Le duc de Broglie le désire beaucoup et Monsieur de Fourtou7 semble le désirer aussi. Cependant rien n'est encore fait.

A. de F.

 

M. de Bennetot a reçu de Jean8 une bien aimable et bien jolie réponse qui l'a fort touché.

 

*Arch.nat. Fonds Castellane

1Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux.

2Boniface de Castellane (1867-1932), le fils âiné d'Antoine de Castellane est aussi prénommé Paul.

3Paul Marie du Breil de Pontbriand (1838-1914), historien et héraldiste et son épouse Marie Eugénie, née Brillet de Candé (1843-1916).

4Janvier de La Motte Louis Eugène (1849-1894), homme politique. Maire de Juvardeil (Maine-et-Loire), il fut élu dans la circonscription de Segré (Maine-et-Loire) en 1876 et siégea avec le groupe de l'Appel au peuple. comme candidat bonapartiste. Réélu en 1877, il se rapprocha des républicains opportunistes après la mort du prince impérial. En juillet 1879, il rompit définitivement avec les impérialistes et s'inscrivit au groupe de l'Union républicaine. Battu par M. de Terves en 1881, il ne se représenta plus, se consacrant à son métier de percepteur à Paris.

5Il s'agit du nombre des députés qui avaient apporté leur soutien au gouvernement Broglie-Fourtou.

6Commune du Gers où se situe par ailleurs le château familial des Rességuier.

7Fourtou Marie, François, Oscar Bardi de (1836-1897), homme politique français. Élu à l'Assemblée nationale de 1871 sur la liste conservatrice (Dordogne), réélu député en 1876 (Dordogne) et en 1877, il est membre du sénat de 1880 à 1885. Ministre des cultes éphémère dans le gouvernement de Thiers, il devient ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts (26 novembre 1873-21 mai 1874) dans le deuxième cabinet d'A. De Broglie. Après la chute d'A. de Broglie (16 mai), il se voit attribué le ministère de l'Intérieur dans le gouvernement d'E. de Coutrot de Cissey. Mais il quitte le gouvernement dès le 20 juillet 1874 en signe de solidarité avec Pierre Magne qui avait choisi de démissionner. Le 18 mai 1877, il est de nouveau nommé ministre de l'Intérieur et ne ménage pas ses efforts pour tenter d'enrayer l'arrivée au pouvoir des républicains.

8Jean, marquis de Castellane (1868-1948), fils cadet d'Antoine et de Madeleine de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 juillet 1877», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1877,mis à jour le : 14/12/2015