CECI n'est pas EXECUTE 10 décembre 1878

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10 décembre 1878

Charles Conestabile à Alfred de Falloux

Rome, Palazetta Orsini, 11 via Firenze, 10 décembre 1878

Monsieur le comte,

Votre admirable travail sur la Contre-révolution1 m'avait inspiré un sentiment si profond de la nécessité de faire connaître ces belles pages en Italie, que je m'étais empressé de communiquer la livraison du Correspondant (25 octobre) un prélat éminent, intime ami du souverain pontife2, qui l'a récemment nommé évêque de Montefiascone. Mgr Rotelli3 (c'est son nom) m'a répondu par une lettre dont j'extrais le passage suivant : « J'ai lu avec le plus vif intérêt le travail de Monsieur de Falloux, que je n'hésite point à approuver, même comme évêque, in omnibus et personnae; car j'y ai trouvé tracé de main de maître le seul et unique programme possible pour les catholiques dans la lutte actuelle avec la civilisation moderne. »

Je crois vous être agréable, Monsieur le comte, en vous communiquant ces appréciations d'un prélat que les liens intimes unissent au Saint-Père dont il partage absolument les vues. J'avais écrit un mot de cela à M. Lavedan, mais je suis heureux de pouvoir vous transmettre moi-même ce témoignage d'approbation, qui, réuni aux autres que vous avez sans doute reçus, est de nature à dédommager votre noble cœur de bien des amertumes et de bien des calomnies.

Laissez-moi vous dire, Monsieur le comte, combien j'ai été heureux de voir votre travail sur la Contre-révolution publié dans la même livraison que mon article sur Léon XIII. Il était bon que la jeune parole d'un écrivain inconnu et n'ayant pour lui que sa sincérité et sa foi, pût être éclairé par la haute sagesse d'un des plus grands chrétiens de notre époque, d'un des plus illustres défenseurs de l'Église et de la vraie liberté.

Je prends la liberté de vous offrir, Monsieur le comte, une brochure dans laquelle se trouvent réunies cinq lettres d'un conservateur adressées au roi d'Italie4, et traitant des sujets qui préoccupent au plus haut point l'opinion publique parmi nous. Si par hasard vous devinez le nom de l'auteur de ces lettres, je vous prie de lui garder le secret. Les conservateurs parmi nous comme ailleurs sont hélas bien divisés, les maladresses, les violences des intransigeants rendent bien difficile l'œuvre des esprits modérés.

Agréer, Monsieur le comte, mes excuses pour la liberté que j'ai pris de vous écrire sans avoir l'honneur de vous connaître personnellement et croyez à mes sentiments respectueux et dévoués.

Cte Conestabile

1Falloux venait d'écrire un violent réquisitoire contre les thèses d'A.de Mun. Publiée dans un premier temps dans le Correspondant du 25 octobre 1878, la brochure s'en prenait avec vigueur au comte A. de Mun mettant en garde les catholiques contre les risques d'une lutte de la religion placée sous la bannière équivoque de la contre-révolution à laquelle les conviait A. de Mun

3Rotelli, Luigi (1833-1891), chanoine à Pérouse, il venait d'être nommé évêque de Montefiascone. Promu archevêque de Pharasala en 1882, il sera envoyé en 1887 comme nonce apostolique à Paris. Il sera créé cardinal par Léon XIII quelques semaines avant son décés.

4Humbert Ier (1844-1900) venait de succéder à son père Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-1878), prince de Piémont, comte de Nice et roi de Sardaigne de 1849 à 1861 qui avait été le premier roi d'Italie de 17 mars 1861 jusqu'à sa mort.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 décembre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 14/02/2016