CECI n'est pas EXECUTE 8 octobre 1878

1878 |

8 octobre 1878

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

8 octobre 1878

Chère Madame, voilà mon travail fini1 ; je n'en suis pas très fatigué parce que j'en suis très soulagé. J'ai continué à ne nommer personne, pas même un journal ; mais j'ai dit toute entière la vérité telle que je la vois. Cela doit paraître dans deux ou trois jours avant la rentrée des Chambres. Comptez bien que à partir de là, sur 20 personnes que vous verrez, 19 jetteront les hauts cris ; la 20e dira : c'est d'un honnête homme. Soyez sûre pour votre consolation, que cette 20e personne-là dira vraie.

En attendant, nous allons passablement, sauf une grande tristesse tout à côté de nous : la pauvre bonne femme Séjou, la meilleure femme du monde, la mère de Marquet, de Rose, de Nothon vient de mourir comme on le fait à 84 ans, c'est-à-dire très doucement et très rapidement. C'est encore un lambeau du passé qui se détache. Ce sera, dans quelques jours, un grand embarras pour remettre son équivalent ou à peu près dans son poste de concierge et dans sa distribution de sous et de pain aux pauvres.

Mon frère m'écrit que la lettre à l'Union de l'Ouest2 a eu beaucoup de retentissement à Rome et n'a fâché personne. Il demande beaucoup qu'on lui donne les nouvelles de Rochecotte. Si quelqu'un écrit au palais Ruspoli3, je demande qu'on ne parle pas de mon projet de réponse afin que je demeure libre sans désobéir à aucune construction diplomatique qui pourrait passer par l'esprit de quelques Romains.

À ce propos, remarquez, dans le Correspondant prochain, l'article sur Léon XIII par le comte Conestabile4 : il est loin d'être amusant, mais il est curieux parce que l'auteur est un jeune patricien de Pérouse5 ou le voisin fort en relation avec le Vatican d'aujourd'hui.

Mille vœux à tous les malades petits et grands, sans oublier les bien portants qui peuvent toujours devenir malades !

A. de F.

 

*Fonds Castellane, Archives nationales.

 

1Publié dans le Correspondant du 25 octobre 1878, l'article de Falloux intitulé « De la contre-révolution » s'en prenait avec vigueur au comte A. de Mun mettant en garde les catholiques contre les risques d'une lutte de la religion placée sous la bannière équivoque de la contre-révolution à laquelle les conviait A. de Mun.

2L'article dont il est question ci-dessus avait été précédé d'une lettre écrite par Falloux dans L'Union de l'Ouest dans laquelle il critiquait le discours prononcé par A. de Mun à Chartres, le 8 septembre 1878 au cours duquel il avait proclamé que le terrain sur lequel les catholiques devaient se réunir était celui de la « Contre-révolution ».

3C'est dans ce palais que réside à Rome Mgr de Falloux, son frère.

4Le comte Conestabile s'apprêtait à publier dans le Correspondant du 25 octobre 1878 un article intitulé Léon XIII et la situation de l'Eglise.

5Le comte Conestabile est originaire de Pérouse.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 octobre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 30/04/2016