1876 |
9 février 1876
Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux
Paris, ce mercredi 9 février 1876
Mon cher Falloux,
Je vous remercie de votre bonne lettre reçue au moment où je montais en voiture pour me rendre à Paris d'où je vous écris.
Je fais une candidature impossible refusée déjà il y a deux mois dans mon arrondissement. On a fait le tour des conservateurs de toutes tendances. Ils ont refusé comme moi. Alors depuis huit jours on s'acharnait à vouloir me faire accepter la lutte. Ennuyé je me suis sauvé pour bien montrer que je n'en voulais pas. Les radicaux ont quatre mille voix de majorité certaines.
Je viendrai à la Lorie1 mardi ou mercredi prochain et j'y finirai la semaine. Je veux faire acte de maire à La Chapelle2 pendant les élections. Vous voyez donc bien que je ne donne pas ma démission. Je voudrais bien le faire cependant mais pas sans un remplaçant convenable.
Je serai bien pressé d'aller vous voir et aussi tous les vôtres si bons si affectueux toujours pour moi. Vous n'avez pas affaire à un ingrat car on vous aime bien tous.
J'irai vous dire ce que je pense de votre refus persistant ! de vous porter nulle part. Je vous ferai passer le plus mauvais quart d'heure possible car vous savez que je vois le salut de la France dans votre rentrée aux affaires.
A revoir donc je vous remercie de votre affection et je vous répète que la mienne est bien grande et bien sincère pour vous.
Duc de Fitz-James
1Le château de la Lorie, à La Chappelle-sur-Oudon, près de Segré, en Maine-et-Loire, est la propriété angevine des Fitz-James, donc voisins de Falloux auquel ils sont liés d'amitié.
2La Chapelle-sur-Oudon.
