1882 |
Ier janvier 1882
Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux
La Lorie1, 1er janvier 1882
Mon cher Falloux,
Voici la brochure que je vous ai promis hier de Madame de Fitz-James2. C'est avec une douloureuse satisfaction que je vous ai consacré avec ma fille la dernière soirée de cette année 1881 où vous avez tant souffert !...
Je ne vous ai pas souhaité la bonne année avant de partir pour ne pas faire contradiction avec votre douleur. Je vous aurais bien souhaité, selon l'usage de notre bon pays, le paradis à la fin de vos jours. Ce souhait est inutile car je suis certain que vous l'aurez. Je ne vous souhaite que les forces dont vous aurez encore besoin, j'en ai la conviction pour le salut de notre chère France.
Il y a plus de rapport que vous ne penserez (sans comparaison) entre vous et le comte de Chambord ; en ce sens que vous êtes deux naïfs qui vous exagérez vos devoirs. Le Comte de Chambord celui de s'envelopper dans le drapeau blanc ; vous celui de protester sans prendre le commandement de l'assaut, quand vous avez si bien fait sur la brèche et que vous ne demandez qu'à y mourir. Je ne sais pas si le comte de Chambord régnera, c'est le secret de Dieu, mais ce dont je suis certain c'est que Dieu vous donnera pour récompense du travail dévoué de votre vie entière, de refaire la monarchie.
Que Dieu me donne ce jour là auprès de vous la place que mon affection sera si heureuse d'occuper.
Duc de Fitz-James
1Château de la Lorie, près de Segré, propriété des Fitz-James.
2Fitz-James, Marguerite Augusta Marie duchesse de, née Löwenhielm (1830-1915), épouse du duc depuis 1857.
