CECI n'est pas EXECUTE 7 février 1882

1882 |

7 février 1882

Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux

Paris, ce 7 février 1882

Mon cher Falloux,

Votre lettre aux membres du comice de Segré est parfaite. Mon affection n'a eu d'autre mérite que d'avoir trouvé le chemin très facile de votre cœur. Voici la lettre que je reçois de Perraudière1 il accepte comme un brave homme qu’il est. Ci-joint aussi une carte qui m’a fait plaisir a recevoir. J’ai reçu nombre de témoignage de ce genre qui me prouvent que tous comme moi comptent sur vous. Vous avez pu juger par les journaux que la déconfiture de l’Union générale2 avait pris les plus douloureuses proportions. Je suis très effraye des conséquences pour les administrateurs. Plusieurs sont de mes amis. Biencourt3 surtout me préoccupe vivement. Si l’on ne se sentait un peu d’énergie, on serait tenté de désespérer devant un désastre qui touche à nos intérêts catholiques et monarchiques, à notre considération sociale, et qui vient s’ajouter à tant d’autres douleurs politiques… ! En déployant le drapeau blanc, les intransigeants ont fait sombrer la monarchie, en le plantant sur une caisse ils lui ont fait faire faillite4. Ne croyez-vous pas, mon cher Falloux, que ce serait une occasion de parler au roi5. S’il ne nous écoute pas plus cette fois-ci que d’autres ! Nous aurons toujours continué à faire notre devoir et à dégager la responsabilité de notre cause vis à vis du pays.

Mon idée serait d’écrire une lettre au comte de Chambord aussi respectueuse que ferme et de la faire signer par des milliers de noms. Je ne demande pas mieux que de prendre l’initiative et la responsabilité de mon idée. Mais je me sens insuffisant pour rédiger à moi seul ce cahier de nos désirs et de nos doléances, je viens donc vous demander de le rédiger. J’ai déjà parlé de mon idée à plusieurs de nos amis qui s’y associent pleinement. Mettez-vous donc à l’œuvre, je vous en prie, pour rendre un nouveau service à la cause monarchique que vous savez si bien servir et qui triomphera par vous à la grande stupéfaction de tant d’aveugles inconscients comme vous les qualifierez bien charitablement ! Sur un signe de vous j’arriverai à la Lorie6 et au Bourg d’Iré et je serai toujours heureux de vous prouver combien je vous apprécie et combien je vous aime.

Duc de Fitz-James

 

1La Perraudière, Joseph Le Tourneux de (1832-1917) grand propriétaire en Maine-et-Loire, il est un légitimiste fidèle.

2Banque catholique fondée en 1878 par Eugène Bontoux (1820-1904) et qui, suite à de multiples opérations de spéculation, allait s'effondrer en janvier 1882 entraînant avec elle la faillite de plusieurs agents de change de la Bourse de Lyon puis de la Bourse de Paris.

3Biencourt, Charles Marie Christian, marquis de (1826-1914). Légitimiste, il collaborait à plusieurs journaux dont la Gazette de France, Le Correspondant. Il publia plusieurs ouvrages de propagande, notamment Le suffrage universel et le droit des minorités.

4Allusion à la faillite de la banque L'Union générale dans laquelle nombre de légitimistes avaient placé leurs espoirs de revenus financiers. Voir note supra.

5Le comte de Chambord.

6Domaine des Fitz-James à La Chapelle-sur-Oudon, près de Segré, en Maine-et-Loire.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «7 février 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 14/02/2017