CECI n'est pas EXECUTE 20 novembre 1879

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20 novembre 1879

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

20 novembre 1879

Chère Madame, le billet que vous avez la bonté de me communiquer ce matin-là ne me cause aucune surprise. J'ai avais été préparé par des laconiques analyses à Paris avec ce qui pouvait traiter des mêmes sujets. On ne peut, avec la meilleure volonté du monde, servir les gens malgré eux et si on tient à faire ce que je considère comme des fautes, je n'ai aucun moyen de l'empêcher et je dois m'y résigner.

Antoine [de Castellane] s'annonce pour dîner et coucher aujourd'hui au Bourg d'Iré, semblant vouloir repartir dès demain, sans cependant le dire formellement. Dans cette hypothèse il dira ce soir ce qui l'amène et demain matin je vous en rendrai compte sommairement.

En attendant, je viens vous entretenir d'un intérêt que j'ai fort à cœur puisque c'est celui de l'excellent jardinerie. L'administration des monnaies va être entièrement bouleversée, comme tout autre chose à cette heure-ci ; l'administrateur en chef, Monsieur, et toutes disposées à donner à M. Jardry1 la place du contrôleur au change, que celui-ci désire beaucoup, pour de très sérieux motifs. La résolution définitive à cet égard appartient au ministère des Finances et Albert de Rességuier croit que Madame de Rayneval2 parente de M. Say3 y peut beaucoup ; il l'a dit à M. Jardry, lequel me prie très instamment d'intervenir près de vous, chère Madame, pour que vous interveniez près de Madame de Rayneval. Il n'y a pas un caractère plus sûr ni plus dévoué que celui de M. Jardry ; il n'y a personne qui m'ait témoigné un plus constant attachement. Je désire donc infiniment lui être utile et si vous pouviez convaincre Madame de Rayneval qu'en obtenant pour M. Jardry la place de contrôleur au change, elle causerait à une très grande joie à M. de Rességuier, à vous et à moi, je vous en aurais une reconnaissance infinie. Mad de Rayneval est-elle à Paris ? Dans ce cas, vous pourriez introduire Monsieur Jardry personnellement auprès d'elle, car il gagne certainement à montrer sa physionomie franche et ouverte. Veuillez me faire dire par Melle Dubois ce que vous déciderez à cet égard ou ce qui serait encore plus utile l'écrire directement à Monsieur de Rességuier, qui est plein de zèle dans cette affaire.

Vendredi matin

La conversation a été relativement raisonnable et très calme. Il n'est question ni du conseil judiciaire, ni de l'ensemble des dettes, mais d'un embarras partiel et d'une somme restreinte.

J'ai répondu que je ne pourrais avoir ni émettre aucune sorte d'opinion avant de m'être renseigné auprès de vous sur une situation dont je n'avais pas causé à fond depuis longtemps, mais que je prenais bien volontiers le seul engagement qu'il me demandait, celui de saisir la plus prochaine occasion pour vous répéter ses paroles et m'en entretenir avec vous. Il vient de nous quitter déjeuner chez les Tredern4 et devra être rendu à Rochecotte avant ce mot.

A. de F.

1Ancien secrétaire de Falloux.

2Rayneval, Louise Sophie Gérard de, née Bertin de Vaux (1826-1909).

3Say, Jean-Baptiste-Léon (1826-1896), économiste et homme politique. Député et préfet de la Seine en 1871, il fut nommé ministre des Finances le 8 décembre 1872, poste qu'il conservera jusqu'à la chute de Thiers (24 mai 1873). Il sera à nouveau ministre des Finances en 1875, 1877, 1879 et 1882. En 1886, il fut élu à l'Académie française.

4Trédern, Louis, Désiré, Bonaventure de (1805-1883), militaire et homme politique. Lieutenant d'artillerie, il démissionna et devint conseiller municipal de Rennes et entra aux côtés d'Audren de Kerdrel à la rédaction du Journal de Rennes. Élu de l'Ille-et-Vilaine à l'Assemblée constituante en 1848, il vota avec la droite. Il ne sera pas réélu par la suite.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «20 novembre 1879», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1879,mis à jour le : 16/06/2017