CECI n'est pas EXECUTE Juillet 1880

1881 |

Juillet 1880

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Été1 1881*

 

Chère Madame,

Hier, malgré le dimanche de la Fête-Dieu, Mme de Caradeuc2 de réclamer les sangsues que nous sommes hatés de lui mettre sans attendre la visite de M. Letort3, qui, du reste, nous avons avance tracer notre marche et que nous attendons ce matin pour juger des effets. J’espère qu'il ne les trouvera pas mauvais car la nuit a été bonne, et ce matin, notre chère malade affirme qu’elle se sent la tête fort dégagée. Maintenant nous allons avoir affaire à une faiblesse augmentée et notre inquiétude suivra la même marche, c’est vous dire que ce n’est pas moi que je soignerai cette année et que, sauf le chagrin de ne point passer quelques semaines avec vous, je renonce bien volontiers à tous ceux qui ne concernent que moi.

À Paris, Madeleine4 avait très spontanément annoncé une visite de Juigné5 au Bourg d’Iré ; je lui ai écrit pour lui rappeler cette promesse au nom de Mme de Caradeuc comme de Loyde6 qui s’en faisaient une grande fête et l’absence de réponse me semblait déjà mauvais signe ; mais la lettre de l’abbé Couvreux à M. de Bertou achève de dissiper le doute, et désormais nous allons changer nos prétentions égoïstes en veux bien ardent pour tous les voyages et toutes les santé. Bertou vous donnera le bulletin du Bourg d’Iré à l’une de vos prochaines stations.

Vous ne dites point que M. Delahaye7 et l’abbé Pasquier8 ont quitté Rochecotte pour aller travailler à l’élection de M. de Cumont9. S’il en était autrement, je ne le pardonnerai jamais, ni à tous ceux et celles qui l’auront vu durant ces huit derniers jours.

Lavedan doit être à Rome à cette heure-ci, portant les hommages du Correspondant à Léon XIII aux frais d’une association dans laquelle les Jésuites, dont nous ne nous séparons plus10, jouent un principal rôle.

M. et Mme d’Armaillé qui vous envoient, chère Madame, leurs plus fidèles hommages sont convaincus que la mort du prince impérial11 enlève le dernier obstacle au prochain retour de M. le comte de Chambord. J’espère que M. Amédée Lefèvre-Pontalis12 et M. l’abbé Couvreux n’en doutent pas non plus, ce qui va, je l’espère aussi, rendre la cure des eaux plus bienfaisantes.

 

A. de F.

 

 

1La date n'est pas précisée mais l'évocation des élections législatives (août-septembre 1881) permet de la situer en amont de ces élections. C'est aussi au cours de l'été que Mme de Castellane se rend aux eaux d'Evian (voir la fin de la lettre).

2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère d'Alfred de Falloux.

3Médecin de la famille.

4Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.

5Juigné Charles Gustave Leclerc de, comte (1825-1900), homme politique, père de Madeleine de Castellane. Député de Loire-Inférieure de 1871 à 1898. Légitimiste ardent, il se fit inscrire à la réunion des Réservoirs.

6Loyde de Falloux (1842-1881), fille unique des Falloux. Atteinte de nanisme, elle était de santé fragile.

7Sans doute Jules Delahaye, archiviste et homme politique. Ayant quitté la fonction publique, il devint le directeur d'un journal de Tour, Le Journal d'Indre-et-loire, royaliste et antisémite. Ayant rallié le général Boulanger, il devint député d'Indre-et-Loire (circonscription de Chinon) de 1889 à 1893. Non réélu, il sera élu député du Maine-et-Loire de 1906 à 1919. Battu en 1919, il obtint néanmoins un siège de sénateur qu'il conservera jusquà sa mort.

8Henri Pasquier (1844-1927), ecclésiastique. Ordonné prêtre, curé de Notre-Dame d'Angers. Il deviendra le troisième recteur de l'Université catholique d'Angers (1895) et sera nommé Protonotaire apostolique en 1897.

9Arthur de Cumont s'était porté candidat en Maine-et-Loire aux élections législatives du 21 août 1881. Il ne sera pas élu.

10Depuis le décret d'expulsion des Jésuites, le Correspondant jusque là peu enclins à les soutenir avait pris fait et cause pour la Congrégation.

11Ayant pris part à la guerre des britanniques contres les Zoulous en Afrique du Sud, le prince impérial, seul prétendant légitime à la succession de Napoléon III, fut mortellement blessé le 1er juin 1879.

12Lefèvre-Pontalis, Jules, Amédée (1833-1901), avocat, journaliste et homme politique. Élu député monarchiste d'Eure-et-Loir de 1871 à 1876, il avait pris part aux tentatives de restauration monarchique en 1873. Il collabora au Correspondant et à la Revue des Deux-Mondes.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Juillet 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 03/04/2018