Année 1869 |
Mai 1869
Lucien-Anatole Prévost-Paradol à Alfred de Falloux
Samedi [mai 1869]
Cher confrère et cher ami,
Je me suis abusé même sur le Courrier du Dimanche et ce que j’avais mis dans mon article au sujet de votre candidature a été effacé1. Vous êtes décidément impopulaire dans un temps où l’impopularité est la marque presque certaine du talent, de patriotisme et de l’honneur. Combien je souhaite votre succès et avec quel dépit, je me vois fermer les deux journaux dans lesquels j’aurais pu vous seconder. Je n’ai jamais songé aux Débats mais j’ai été déçu pour le Courrier. Avez-vous un journal favorable dans votre département ? Puis-je vous y rendre quelque service ? Je suis honteux de ne vous être bon à rien et de me sentir désarmé pour votre élection, comme d’ailleurs toutes les bonnes causes.
La question étrangère est moins gênante qu’il y a huit jours. Le plus sot des Français blâme d’instinct l’agrandissement de la Prusse. A vous de tout cœur.
Prévost-Paradol
1Lors des élections législatives de mai 1869, Falloux s’était porté candidat en Vendée, dans la circonscription des Sables d'Olonne. Ayant renoncé à se déplacer dans cette circonscription en raison de ses ennuis de santé, vivement combattu par l'administration locale, Falloux échouera une nouvelle fois. Il obtiendra malgré tout un score plus qu'honorable, 12.250 suffrages, s'inclinant de quelques centaines de voix à peine face à son concurrent qui l'emporta avec 12.757 voix.
