Année 1866 |
2 août 1866
Lucien-Anatole Prévost-Paradol à Alfred de Falloux
Jeudi 2 août 1866
Très cher confrère1 et ami,
Vous m’avez devancé car j’allais vous écrire et vous dire combien votre défaite2 m’a été au cœur. L’état du pays est encore plus honteux qu’alarmant. L’idée d’exclure de la chambre, sous prétexte d’opinion, des hommes sans lesquels toute chambre française est décapitée, est digne de nos prétendus démocrates. La politique extérieure de nos césariens fait le pendant de leur politique intérieure, mais elle a moins de succès. Le refus de toute compensation (comme s’il pouvait y avoir d’ailleurs une compensation à l’unité allemande!) rend la situation de l’Empereur intolérable. Ce rôle de Machiavel-Jocrisse le met hors de lui et je crois qu’il fera la guerre, ce qui sera bien vu par le pays à condition qu’on réussisse. En attendant, ils parlent de poursuivre le Courrier du dimanche3 qui est bien innocent de tous leurs embarras. Gardez-vous bien portant pour le pays et croyez-moi tout à vous.
Prévost-Paradol
1Prévost-Paradol est membre de l’Académie française.
2Suite au décès, le 22 juin 1866, de Bucher de Chauvigné, député de la circonscription de Baugé-Segré, en Maine-et-Loire, Falloux avait décidé de se porter candidat. Malgré une campagne active, il sera finalement battu par le candidat officiel. Voir les lettres qui suivent.
3Prévost-Paradol est un collaborateur régulier de ce journal.