Année 1867 |
17 décembre 1867
Lucien-Anatole Prévost-Paradole
Lundi 17 [décembre 1867]1
Mon cher et illustre confrère,
Je ne vous ai encore ni félicité de votre beau travail2 ne remercié de la place d’honneur que vous m’y avez si amicalement donnée.
Je ne doute pas que l’effet de votre brochure ne soit tout ce qu’on a le droit d’attendre du talent si ferme et si net de l’auteur et de l’importance du sujet traité. Mais je ne vous cache pas que je suis aujourd’hui encore plus préoccupé et inquiet de l’état moral du public qu’irrité des fautes du gouvernement. Je suis humilié et effrayé du sentiment de répulsion universelle que cause le projet de loi sur l’armée. Non pas qu’on ne puisse trouver le projet mauvais ; mais ce n’est pas [mot illisible] mauvais que la France entière le repousse, c’est que l’idée de faire un sacrifice quelconque à la grandeur et à la sûreté même de la patrie ne peut plus entrer dans les esprits ou, pour mieux dire, est au dessus de tous les cœurs. Le corps de la France est malade, mais j’ai bien peur que son âme ne soit morte, et alors à quoi bon nos efforts. Mille compliments et amitiés.
P.-Paradol.
1La date noues est donnée par les propos que tient Prévost-Paradol concernant le projet de loi sur l’armée soutenue par le maréchal Niel et bien sûr par l’empereur qui sera votée le 14 janvier 1868, en dépit de l’opposition de Thiers, Berryer et E. Ollivier
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