CECI n'est pas EXECUTE 11 mars 1876

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11 mars 1876

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

11 mars 1876

Cher ami, Lavedan est désormais installé rue de Courcelles numéro 11, et je remettrai moi-même la Revue du Canada à Madame Cochin1 à mon excursion de Paris qui ne peut tarder désormais. Nous traiterons en même temps de la visite de Denys2 au Bourg d’Iré, le mariage étend, me dit-on, retarder de quelques semaines à cause d’une grande maladie d’Henry3 aujourd’hui convalescent. J’ai reçu hier de Paul Andral lui-même, qui y a mis une extrême bonne grâce, la nouvelle que le conseil d’État avait, sans opposition et sans réserves, approuvé le projet d’échange, comme l’avait fait le ministre de l’Intérieur et celui des cultes. Ainsi le malheureux évêque4 n’aura trouvé nulle part et à aucun degré de juridiction un avis conforme au sien. Cela me met désormais, cher ami, en présence de votre conseil qui consisterait à renoncer à mon droit après l’avoir constaté. Je ne le ferai point pour deux raisons : la première, c’est que je ne suis pas seul dans cette affaire où tout a été décidé, non seulement à la pluralité, mais à l’unanimité des voix ; la seconde c’est que je renierais l’intérêt de l’hospice qui a été le seul mobile de ma persévérance et, j’y substituerais l’intérêt pûr et simple de mon amour-propre.

Si je suis libre après le succès de renoncer sans préjudice pour personne au projet d’échange, j’étais libre de le faire avant et, dès lors je devais le faire, au lieu de poursuivre contre l’évêque une campagne d’entêtement tout personnel. Je ne m’infligerai point cet aveu, parce que je n’ai pas commis cette faute, mais j’emprunterai du moins à votre conseil son intention intime, c’est-à-dire que une fois la dernière formalité accomplie, la signature du machin qui ne fait plus de doute pour personne et qu’il m’annonce comme très prochaine, je donnerai à l’amour-propre de l’évêque et du curé toutes les satisfactions qui dépendent de moi, et je commencerai les travaux par tout ce qui doit améliorer les abords de la chapelle ou favoriser le développement des processions. Je me rends pour l’annoncer, à Angers, lundi prochain, et de là à Rochecotte si Madame de Castellane le permet. Adressez donc votre première réponse aux Jacobins5.

Alfred

1Adeline Alexandrine Marie Cochin née Benoist d'Azy (1830-1892). Elle avait épousé Augustin Cochin, décédé le 15 mars 1872.

2Cochin, Denys (ou Denis) Marie Pierre Augustin (1851-1922), écrivain et homme politique. Fils d'Augustin Cochin, il fut attaché d'ambassade à Londres auprès du duc de Broglie. Député de Paris de 1893 à 1919, il fut l'un des principaux leaders du parti catholique à la Chambre. Œuvrant en faveur du ralliement des catholiques à l'Union sacrée, il sera nommé ministre d’État dans le cabinet Briand (octobre 1915-décembre 1916) puis sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Invoquant la rupture de l'Union sacrée il démissionna. Auteur de plusieurs ouvrages, il fut élu à l'Académie française en 1911. Il épousa, le 20 mars 1876 , Hélène Péan de Saint-Gilles (1857-1945).

3Cochin, Henry (1854-1926), frère cadet de Denys Cochin. Homme politique, il sera élu député dans le Nord (circonscription en 1893, siège qu’il conservera jusqu’en 1914. Littéraire, auteur de plusieurs ouvrages, il deviendra spécialiste de l'histoire et de la littérature italienne de la Renaissance.

4Mgr Freppel. Falloux était en conflit ouvert avec l’évêque d’Angers depuis qu’il avait fondé à Segré , en 1864. l’hospice Swetchine. Voir lettre de Falloux à Mme de Castellane du 31 janvier 1876.

5Falloux avait un appartement à Angers, impasse des Jacobins.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 mars 1876», correspondance-falloux [En ligne], 1876, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 06/10/2018