CECI n'est pas EXECUTE 26 avril 1876

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26 avril 1876

Joseph de Bennetot à Jules de Bertou

26 avril 1876

Monsieur le Comte,

 

La tête de M. de Falloux est, ce matin, dans un si triste état qu’il est contraint de renoncer à vous donner lui-même les nouvelles des santés et de l’hospice Swetchine1, Ces dames sont rentrées ici avant-hier, bien fatiguées, mais rhumes et bronchites s’apaisent et s’apaisent bien à propos, car Mme2 et Mlle de Montalembert3 arrivent ce soir même, et la brièveté de leur séjour, qui dépassera à peine la semaine, rend le Bourg d’Iré avare des moindres instants qu’elles veulent bien lui donner. Vous allez être bien regretté, Monsieur le Comte, pendant ces cinq ou six jours et les nouvelles si impatiemment attendues de M. Benneville arriveraient bien à propos pour l’Ouest, qui, tout égoïsme à part, est bien uni à la cruelle inquiétude du Midi.

Sans retirer officiellement aucune de ses extravagantes mesures, l’évêque4 a rendu en sous main la liberté aux curés et les Fabriciens ont fait leurs Pâques , dimanche très dévotement. Voilà une bataille gagnée, mais nous ne sommes pas, hélas, au bout de la lutte. La sœur St-Joseph est toujours en exil, la notification du retrait de ses compagnes n’est point retirée et c’est sur ce double point que vont porter désormais tous les efforts de M. de F[alloux]. Si Mgr Freppel n’ouvre pas les yeux et ne se range pas de lui-même du côté de la charité, on aura recours à un pétitionnement qui trouvera Segré unanime et au besoin à la publicité. L’irritation de la population dépasse toutes les prévisions et le curé a déjà reçu deux leçons bien méritées. Sa quête pour les séminaires a produit quinze francs au lieu de quatre cent, et la vice-présidence de la société de secours mutuels lui a été enlevée pour être donnée au digne M. Morel.

Quelques ([sic] soient l’entêtement et la passion à Angers, il me paraît difficile qu’on résiste longtemps à une telle pression morale, et j’espère que les pauvres, seuls en jeu désormais dans cette douloureuse affaire, finiront par avoir gain de cause.

Veuillez agréer, Monsieur le Comte, l’invariable assurance des sentiments les plus respectueusement dévoués.

J. de Bennetot5

 

1Falloux était en conflit avec Mgr Freppel concernant ses projets d'agrandissement de l'Hospice Swetchine fondé en 1864 avec l'argent que lui procurait la vente de ses ouvrages sur Mme Swetchine. Voir lettre de Falloux à Mme de Castellane du 31 janvier 1876.

2Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), veuve de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

3Thérèse Généreuse (1855-1924).

4Mgr Freppel.

5Secrétaire de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 avril 1876», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1876,mis à jour le : 08/10/2018