1881 |
23 février 1881
Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux
Le 23 février 1881
Cher Monsieur l’abbé,
Nous n’échangeons que de tristes bulletins ! Ce n’est cependant pas pour mon compte, l’intensité du mal qui m’empêchera de commencer par Rochecotte, mais le devoir vraiment impérieux de veiller à ce qui se passe au Bourg d’Iré. La sœur Edwige a été brusquement rappelée encore une fois et la sœur Hélène qui soignait Loyde, substituée à la sœur Edwige, en sorte que Mad. de Caradeuc1 a, depuis quatre ou cinq jours, une sœur physiquement beaucoup plus faible et moralement ayant beaucoup moins d’empire. Loyde, qui aimait beaucoup la sœur Hélène, se trouve absolument livrée à elle-même et bien qu’elle ne soit pas disposée à en abuser, il est toujours bien tentant, pour tout le monde, de faire une imprudence, après deux mois entiers de réclusion. !
Aujourd’hui je n’ai plus ou presque plus de fièvre ; j’essaierai demain une sortie en voiture, vendredi, je m’occuperai de nos écoles de frères, dont l’évêque d’Angers2 préparait depuis longtemps la catastrophe et que nous ne pouvons réparer qu’à coups de fortes souscriptions. Je me suis saigné de deux mille fr. et si quelques bonnes âmes nous viennent en dire, la crise aura peut-être été salutaire, car elle nous conduira à la reconstitution d’un comité laïque indépendant de l’évêque.
Je ne vois pas bien pourquoi Madame de Castellane renoncerait à demander directement les photographies à M. Le Cordier3.
Je repartirai pour le Bourg d’Iré samedi, à moins que le bon Dieu ait absolument résolu le contraire, mais je ne vous en dis pas moins au revoir, trop désiré pour n’être pas tous prochain.
A. de F.
1Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère d'Alfred de Falloux.
3Cousin de Jules de Bertou.
