CECI n'est pas EXECUTE 24 septembre 1881

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24 septembre 1881

Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux

24 Septembre 1881

 

Cher Monsieur l’abbé,

Je crois bien que l’important personnage, dont les relations avec Rochecotte me plaisent fort, ne demanderait pas mieux que d’être balayeur ; mais on défait chaque jour le bâlai brun à brun, et, au premier moment, on cassera le manche ; alors comment balayer ? C’est, à mon sens, le problème qu’il faudrait lui poser la première fois que vous le reverrez.

Je vous demande très instamment des nouvelles du prince de Chalais1. j’ai rencontré de plus grands esprits ; je n’ai jamais connu un caractère plus vraiment chrétien et plus parfaitement noble. N’aurez-vous pas fait parvenir par Juigné2 notre contentement au duc de Fitz James3 ; mon propre remerciement était trop naturel pour compter et il sera certainement très sensible à celui de Mesdames de Castellane4.

Par compensation, j’ai été très anxieusement préoccupé de Georges de Blois, ces jours-ci. Il ne s’en est pas tenu au mépris pour L’Etoile : il s’est tout à fait irrité du délai ou plutôt du refus opposé à la rectification qu’il exigeait ; il a envoyé à L’Etoile deux témoins fort énergiques qui ont rencontré pour auteur responsable un jeune professeur de l’Université, trop chrétien, a-t-il dit, pour accepter de pareils rendez-vous et un Monsignore, également professeur de l’Université qui était évidemment l’auteur réel de l’article et qui a répondu par une homélie sur le duel, sans offrir pour cela la si simple et si légitime rectification qu’on lui demandait. Les témoins ayant fini par mettre tout le monde au pied du mur, le président du comité, M. de Maquillé5, est intervenu et a déclaré que la rectification était de droit. Elle a donc été insérée sans changement, telle qu’elle était demandée, et vous l’avez lu hier reproduite par L’Union de l’Ouest. Je vous prie de garder cela entre Madame de Castellane et vous très strictement, afin qu’aucune conversation ou écho de conversation ne vienne raviver un incident qui pourrait devenir très sérieux, et qui, en tout cas, fait si peu d’honneur aux représentants de l’évêché. Je ne vous en parle même à vous deux que pour rendre à M. de Blois6 près de vous tout l’honneur qui lui est dû. Présentez bien à Madame Craven mes plus vifs et mes plus sincères regrets.

A. de F.

1De Talleyrand-Périgord, Hélie (1809-1883), prince de Chalais.

2Château de Juigné, à Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). C'est la propriété des Leclerc de Juigné auxquels les Castellane sont alliés par le mariage de leur fille Madeleine (1847-1934) avec Antoine de Castellane.

3Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié.

4Pauline de Castellane et sa belle-fille Madeleine de Castellane épouse d’Antoine de Castellane.

5Maquillé, Henry Josph du Bois de (1801-1911). L’Etoile est publié sous son patronage.

6Blois, Georges, Aymar de, comte (1849-1906), neveu d'A. de Falloux dont il devint le légataire universel. Propriétaire foncier à Huillé (Maine-et-Loire), il fut sénateur du Maine-et-Loire de 1895 à 1906.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 septembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 10/12/2018