1882 |
24 avril 1882
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
24 avril 1882*
Chère Madame
Georges de Blois1 est ravi de Rochecotte bien touché de la bonté qu’il y a reçu. Avez-vous été aussi contente de lui et qu’a dit l’aréopage du commencement de travail sur la marine.
Ici, le programme est toujours le même, Madame de Caradeuc2 n’est pas plus mal et tout en regrettant profondément de la quitter, je partirai sans plus d’inquiétude que je n’en ai tous les jours. Toutefois je ne partirais qu’au dernier moment, si je pars, c’est-à-dire mercredi matin, de façon à recevoir Monsieur Pasteur le jeudi à 2 h., à signer le contrat d’Anne de Mackau3 à 9 h. 1/2 et à me coucher à 9h . 1/2 comme si j’avais le bonheur d’être en Touraine ou en Anjou. J’ajouterais que je reviendrais ici le 3 mai, si je n’avais chance de vous voir arriver à Paris le 8 et peut-être même avant ; D’abord vous en serez instamment priés par beaucoup de gens, ensuite plus vous arriverez tôt, plus ma chance augmentera, puisque chaque matin, j’ouvrirai mon courrier avec la même anxiété et la même volonté de repartir immédiatement pour le bourg dirait, si devoir m’en été le moindre moment indiqué.
C’est aussi vers cette date du 2 mai que paraîtront mes deux volumes ; ils n’auraient pas suffi pour me faire venir à Paris, mais puisque j’y serai, je m’occuperai d’eux de mon mieux, non pour les défendre assurément mais pour remettre moi-même quelques exemplaires au petit nombre d’amis qui ne me condamnent pas a priori. Votre exemplaire vous attendra, rue Barbet de Jouy. J’en destine trois à Orléans : l’évêque4, l’abbé Branchereau5 et l’abbé Chapon6 peut-être Hilaire se chargera-t-il de leur porter, car il paraît disposé à me faire entrer dans une amnistie. Je manquerais l’installation du nouveau curé, dimanche prochain ce qui me coûte moins de regrets, cher Rochecotte, que de ne pas vous revoir immédiatement.
A. de F.
*Archives nationales. Fonds Castellane
1Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux. Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.
2Emilie Marie Charlotte de Caradeuc (1801-1882), sa belle-mère est alors très malade.
3Marie Anne Félixine de Mackau (1860-1891). Nièce de Falloux qui assistera à son mariage avec Humbert de Quinsonas (1856-1903) célébré le 2 mai 1882.
4Mgr Guibert Joseph-Hyppolyte (1802-1886), archevêque de Paris depuis 1871, il avait été nommé cardinal par Pie IX en 1873. Il donnera sa bénédiction au mariage d'Anne de Mackau et du comte Humbert de Quinsonas célébré le 2 mai 1882 à l'église Saint-Philippe du Roule, à Paris.
5Branchereau, Louis (1819-1913), ecclésiastique demeurant alors à Orléans où il est supérieur du grand séminaire. Né à Saint-Pierre Montlimart (Maine-et-Loire), il était entré au grand séminaire d'Angers pour la théologie, après des études au collège de Combrée Il compléta ses études théologiques par deux années à Saint-Sulpice à Paris. Ordonné prêtre en 1843, il partit enseigner la philosophie au séminaire de Clermont, puis à Issy (1850-1853), puis à Nantes où li deviendra supérieur du séminaire avant de se voir confier celui d'Orléans. Dans chacun de ces deux diocèse, il jouissait d'une grande influence. Très proche et très apprécié de Mgr Dupanloup, il publiera le Journal intime de l'évêque (Paris, Douniol, 1912).
6Chapon, Henri-Louis (1845-1925), ecclésiastique. Ordonné prêtre le 22 mai 1869 par Mgr Dupanloup, il sera vicaire général et chanoine honoraire de Nantes (1894) puis nommé évêque de Nice en 1896.
