CECI n'est pas EXECUTE 14 mars 1882

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14 mars 1882

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

14 mars 1882*

 

Chère Madame,

Aussitôt mon travail achevé1, je me suis mis à lire M. Bulwer2, et je ne puis assez vous remercier de me l’avoir prêté. Je suis émerveillé de la fine sûreté de ce jugement sur les débuts de la révolution française et de cette pénétration érudite sur les mœurs et sur une histoire étrangère. Il est vrai que M. Bulwer commence à caresser mes propres faiblesses en mettant mes deux antipathies, M. de La Fayette et M. Necker, si nettement à leur place.

Je ne suis pas encore entré assez avant dans le volume pour me rendre nettement compte de son appréciation définitive du prince de Talleyrand. Mais je serai tout ferré la-dessus quand je vous arriverai à Paris.

En attendant, j’ai pris le livre si en gré que je voudrais voir le traducteur et l’auteur avertis de quelques petites bé vues qui font tâche pour le lecteur français, et qui pourraient dés les premières pages et pour les juges superficiels qui sont les plus nombreux discréditer l’autorité du reste. Ils disent à la page 9 que le comte d’Archambaud, le plus jeune des frères de l’abbé de Talleyrand, fut plus tard créé duc de Périgord. Si mes propres souvenirs d’enfance ne me trompent pas, c’est le Cte Bauzon qui était le plus jeune des trois frères, M. votre grand-père était le second, Archambaud était un nom de baptême, et c’est le titre de duc de Talleyrand qu’il portait, le titre de duc de Périgord étant dans l’autre branche.

Si j’avais l’honneur d’être à vôtre place, chère Madame, je n’hésiterais point à faire rectifier ces détails pour une prochaine édition, non pour votre famille à laquelle cela n’importe point du tout, mais pour le seul intérêt du livre ; car beaucoup de gens pourraient le fermer sur cette page, en disant très injustement : « voilà un écrivain qui n‘a pas pris la peine de s’informer des premières notions de ce qu’il prétend nous apprendre ». L’éditeur est M. Reinwald, rue des St Pères, n°1. Il donnerait l’adresse de M. Perrot3 et M. Perrot tout en se rectifiant lui-même avertirait M. Bulwer si vous ne voulez pas prendre d’autres peines.

La Douve4 va brillamment, le Bourg d’Iré passablement et la Coudre magnifiquement.

Falloux

 

 

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Son ouvrage Discours et mélanges politiques , 2 vols.

2Henry L. Bulwer (1801-1872), diplomate et écrivain britannique. Il est notamment l’auteur d’un Essai sur Talleyrand, Paris, 1868.

3Traducteur de l’ouvrage.

4La Douve, château du Bourg d’Iré, propriété du comte d’Armaillé, voisin et ami de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 mars 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 14/01/2019