CECI n'est pas EXECUTE 8 mars 1882

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8 mars 1882

Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux

8 mars 1882*

 

Cher Monsieur l’abbé,

La lettre pour Monsieur Aubry1 est immédiatement partie, car je savais avec quelle joie reconnaissante elle serait reçue. J’ai reçu d’eux-mêmes le laissez-passer de tout Rochecotte pour ma préface et je ne me suis point tourmenté des fautes typographiques. Je ne veux point troubler par ces menus détails la délectation que l’on goûte à publier deux volumes aux dépend de ses amis. C’est effectivement la similitude des situations et le retour des périls agréables qui m’a fait passer par-dessus le ridicule de donner au public le menu d’un dîner qui n’a jamais été servi. Une attaque ou une épigramme de plus ou de moins ne me fera par grand mal et je les bénirai si un seul de mes arguments pouvait avoir quelques valeurs.

Mon gosier n’a plus d’infirmité que ce qui lui restera désormais pour tout le temps où il demeurera gosier. Il ne m’empêchera donc ni d’aller à Rochecotte ni de vous appeler pour virer avec les vœux les plus reconnaissants. Malheureusement, il n’en est pas de même pour est là pour la pauvre Made de Caradeuc2. Les mauvais symptômes s’aggravent rapidement ; on a maintenant beaucoup de peine à la faire manger et, cette nuit même, elle a eu une forte fièvre. Le médecin, qui continue à se déclarer impuissant ne croît cependant pas à un danger immédiat, la vitalité primitive était forte.que la chapelle de Rochecotte ne m’abandonne pas, je me suis pris !

Monsieur Lavedan, à qui j’avais transmis toutes les sollicitudes de Madame de Castellane me prie de lui répéter les plus vives actions de grâces, en ajoutant qu’il ne connaît encore aujourd’hui ni le dernier mot, ni le dernier chiffre de sa perte3. Il demande qu’on n’en parle pas du tout et va se remettre courageusement au travail, comme Le Figaro vous l’a déjà prouvé4. Reprenez bien vite votre santé, cher Monsieur l’abbé, fusse aux dépens de Monsieur le curé de Saint Patrice.

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Aubry, Auguste-Charles (1819-1899), professeur de droit à Angers.

2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux. Elle était gravement malade.

3Comme d’autres personnalités catholiques Léon Lavedan avait acheté des actions de L'Union générale, la banque catholique fondée en 1878 par Eugène Bontoux qui suite à de multiples opérations de spéculation venait de s’effondrer entraînant avec elle la faillite de plusieurs agents de change de la Bourse de Lyon puis de la Bourse de Paris.

4Léon Lavedan est un collaborateur de ce journal où il publie sous divers pseudonymes un article hebdomadaire.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 mars 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 21/01/2019