CECI n'est pas EXECUTE 25 juillet 1882

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25 juillet 1882

Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux

Le 25 juillet 1882*

Cher Monsieur l’abbé,

Je me félicite avant tout d’avoir changé en bonnes nouvelles celles que je redoutais tant. Il est, au moins, consolant que plusieurs défauts se neutralisent les uns par les autres et cette fois-ci je leur sais si grand gré du résultat, que je les prends presque pour des qualités. Il faut d’ailleurs, pour être juste, supposer qu’elles y sont bien aussi pour quelque chose ! Veuillez dire à Madame de Castellane qu’à partir de votre lettre, ce n’est plus elle qui est méconnue, c’est son médecin qui est désormais incompris. Einsiedelu ! Einsiedelu ! En voilà bien un autre, par exemple, et il n’aurait plus manqué que cela ! Je m’imagine que je devine aisément les arguments et les reproches qui m’attendent à Rochecotte. On me dira : n’est-ce pas Dieu qui guérit de tout et qu’on ne peut jamais invoquer assez ? Je répondrai : Dieu ayant fait les médecins en même temps que les maladies et la prière en même temps que le chagrin, il nous indique par là que la vraie soumission consiste à concilier les uns avec les autres, à demeurer près des sources qu’il a voulu rendre salutaires et à prier dans l’église qu’il a eu soin de placer près des sources ou dans l’oratoire qu’il accorde près du chevet. J’attendrai ensuite la réplique et cela pourra durer longtemps. Ce qui me réduirait le mieux au silence, ce serait de rapporter des forces vraiment renouvelées par la bonne harmonie maintenue entre le médecin et la dévotion. J’entends par médecin celui qui demeure indépendant et ne cherche pas à faire du même coup plaisir et bien à des malades qui laissent trop apercevoir leur faible !

Voilà M. Lavedan locataire jusqu’au mois de novembre d’une maison de campagne près Blois, très bon marché et dans laquelle ils vont se trouver tous réunis, fille et gendre compris.

Vous devez retrouver ci-incluse la lettre Sanguzko1. J’avoue ne plus comprendre du tout à cette histoire et ne plus voir clair dans des sentiments si à rebrousse-poil. Je me rendais compte de la première folie et je voyais un point d’appui pour la combattre. Ici, je me reconnais absolument dérouté car je ne découvre pas quel peut être le motif ou le prétexte pour blesser gratuitement tant de choses à la fois. Que Dieu vous éclaire à Evian 2: le Bourg d’Iré l’en supplie avec ferveur.

A. de F.

*Archives nationales. Fonds Castellane.

 

1La famille Sanguzko, d’origine polonaise est apparentée aux Radziwill, eux-mêmes apparentés aux Castellane, Marie Dorothée Élisabeth de Castellane (1840-1915), fille de Pauline de Castellane, ayant épousé le 3 septembre 1857, à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoine, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol

2L’abbé Couvreux est alors en cure à Evian.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 juillet 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 29/01/2019