1882 |
14 mai 1882
Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux
14 mai 1882*
Cher Monsieur l’abbé,
Je suis heureux des meilleures nouvelles de Madame de C[astellane], tout en la suppliant de se montrer très docile aux prescriptions de Monsieur Herpin1.
Les nouvelles de Madame de Caradeuc2 sont toujours fort tristes ; les mauvais symptômes ne s’aggravent peut-être, mais il est encore plus certain qu’il ne s’améliore pas. Vous devez retrouver ci-incluse la lettre que vous m’avez confiée ; le plus grand reproche que j’avais à lui adresser, si j’avais à la juger, si l’ajournement d’un an, car du moment où le goût pour la fortune est aussi prononcé, on ne retrouvera peut-être plus les mêmes garanties morales dans les mêmes conditions et l’on finira par beaucoup plus mal, soit par un coup de tête de la jeune fille, soit par l’opiniâtreté des parents dans leur goût dominant.
Lisez, contre votre habitude la chronique du Correspondant pour la récompense de M. Boucher3.
Je remercie par le même courrier M. Chapon4 et je reçois une bien bonne lettre de l’abbé Branchereau5.
Savez-vous si l’abbé Bernard6 a reçu son exemplaire et si la Semaine religieuse de Paris lui sera ouverte, comme il avait l’intention de le demander, m’a-t-il dit spontanément ?
Au revoir, au revoir.
A . de F.
*Archives nationales. Fonds Castellane.
1Docteur.
2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux; elle est alors très malade.
3Boucher Auguste (1837-1910), professeur et journaliste. Collaborateur du Journal du Loiret à partir de 1871, il était entré au Français et au Correspondant en 1875. Installé à Paris, il organisa le bureau de presse du comte de Paris. Peu après le décès de son épouse, il épousa, en 1877, la fille de Léon Lavedan.
4Chapon, Henri-Louis (1845-1925), ecclésiastique. Ordonné prêtre le 22 mai 1869 par Mgr Dupanloup, il sera vicaire général et chanoine honoraire de Nantes (1894) puis nommé évêque de Nice en 1896.
5Branchereau, Louis (1819-1913), ecclésiastique demeurant alors à Orléans où il est supérieur du grand séminaire. Né à Saint-Pierre Montlimart (Maine-et-Loire), il était entré au grand séminaire d'Angers pour la théologie, après des études au collège de Combrée Il compléta ses études théologiques par deux années à Saint-Sulpice à Paris. Ordonné prêtre en 1843, il partit enseigner la philosophie au séminaire de Clermont, puis à Issy (1850-1853), puis à Nantes où li deviendra supérieur du séminaire avant de se voir confier celui d'Orléans. Dans chacun de ces deux diocèse, il jouissait d'une grande influence. Très proche et très apprécié de Mgr Dupanloup, il publiera le Journal intime de l'évêque (Paris, Douniol, 1912).
6Bernard Eugène (1833-1893).
