CECI n'est pas EXECUTE 18 juillet 1882

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18 juillet 1882

Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux

18 juillet 1882*

Cher Monsieur l’abbé,

Je vous remercie de vos nouvelles un peu meilleures et vous remercierez bien autrement, quand elles seront tout à fait bonne. Un voyage au milieu d’une cure ne paraît pas bien propre à mener ce bon résultat, mais Dieu peut-être aime mieux qu’on soit dévoué que raisonnable. Les amours humains sont faits comme cela ; mais précisément à cause de cela, je m’étonnerai que l’amour divin soit semblable. Que Dieu daigne me détromper par une guérison miraculeuse !

Les gens qui étaient Veuillotins sous Pie IX ont le même motif pour être autre chose sous Léon XIII, bien que Léon XIII ne suive pas absolument mes conseils et je ne m’inquiéterais pas beaucoup à ce sujet si l’on disait que le nouveau nonce a de l’esprit, en dehors de celui d’intrigue. Il y a eu beaucoup d’ambitieux qui n’étaient pas sots, mais quand ils sont l’un et l’autre, c’est insupportable. J’attends donc vos renseignements ultérieurs ou vos consolations !

Les Candé1 sont venus dîner hier avec Georges de Blois2 ; ils apportaient une lettre de l’abbé Bernard3 à Maurice de Mieulle4, très en train, très spirituelle et qui ne révélait plus aucune souffrance.

Quant au pauvre Georges, il est très doux et très calme, mais très profondément atteint. Le petit Louis est parfaitement gentil et très fort. Il n’a plus les grosses joues de son père, s’est élancé et a pris beaucoup de ressemblance avec sa mère. Ils me quitte demain, ce qui me laissera un nouveau vide, mais maintenant, je ne les compte plus.

M. Lemanceau5 a été présenté Monsieur de Kernier6 à Caradeuc ; nous signerons l’acte définitif ces jours-ci et le nouveau propriétaire ira tout de suite passée la vacance avec ses deux garçons, à ma grande satisfaction.

Au revoir. Au revoir prochain, j’espère.

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

 

1Paul Brillet de Candé (1837-1913) et son épouse Claire Brillet de Candé, née de Mieulle (1844-1886).

2Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux. Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès

3Bernard Eugène (1833-1893).

4Joseph Maurice de Mieulle (1842-1915), propriétaire du château de la Thibaudière à Montreuil-Juigné (Maine-et-Loire)

5Jean-Baptiste Lemanceau, régisseur du domaine des Falloux.

6Falloux venait de faire don du château de Caradeuc à Paul Le Cardinal, marquis de Kernier (1836-1888) et à son épouse, Gabrielle Hay des Nétumières (1835-1920) descendant de La Chalotais.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 juillet 1882», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 20/01/2020